Pour Adam Lashinsky, qui l'écrit sur le site CNNMoney (05/11), Steve jobs est sans aucun doute l'homme d'affaire de la décennie. Et son retour gagnant à la tête d'Apple ne constitue que la partie visible de cet iceberg du succès.

Revenu aux commandes du groupe en 1997, l'homme a tout simplement révolutionné trois industries majeures - celles de la musique, du cinéma et de la téléphonie mobile - tout en confortant et améliorant la position d'Apple dans l'informatique. Et de 5 milliards de dollars en 2000, la valeur boursière d'Apple est passée à 170 milliards aujourd'hui.

Il a commencé par restaurer l'image du groupe en misant sur une valeur clef et lui permettant de se distinguer des ses concurrents : le design. Le lancement de l'iMac fut le premier temps de cette fulgurante résurrection.

Apple, couteau suisse de l'innovation
Ensuite, tout au long de l'année 2001, il allait multiplier les lancements de nouveaux produits, qui passèrent presque inaperçus à l'époque : iTunes, la plate-forme musicale d'Apple, le système d'exploitation Mac OS X, le premier magasin Apple et, en fin d'année, le premier iPod.

Et depuis, Steve Jobs a tout de même trouvé le temps d'organiser la vente des studios Pixar à Disney, entrant du même coup au conseil d'administration de la frime aux grandes oreilles.

Combattant farouche, Steve Jobs a une nouvelle fois fait un retour spectaculaire il y a quelques mois, après avoir subi une transplantation du foie.

Interrogés sur les secrets de ce touche-à-tout magique, ses proches nous livrent quelques uns de ses traits les plus saillants. Ken Segall, ancien directeur de l'agence de publicité Chiat/Day, qui a travaillé pendant des années avec Apple, nous confie que Jobs s'occupe personnellement de détails inconcevables pour un chef d'entreprise.

Et avec une capacité d'anticipation remarquable : Steve Jobs avait retenu la campagne « Think different » bien avant qu'Apple ait lancé le moindre produit innovant.

Pour son ami Larry Ellison, Pdg d'Oracle, l'argent n'est pas le moteur essentiel de Jobs : ce sont avant tout son attachement viscéral à Apple et sa volonté de changer le monde qui l'animent.

Parmi ses traits caractéristiques, Steve Jobs se distingue également par un goût prononcé pour le secret. Chez Apple, nul ne se permet de communiquer sans son accord. Et il sait user à merveille du mystère : avant le lancement de l'iPhone, son long silence lui aurait fait gagner 400 millions de dollars en dépenses de communications, grâce au seul buzz relayé par les médias.

Mais évidemment, avec une personnalité d'une telle dimension, la question de l'après-Steve Jobs est cruciale pour Apple. Lors de sa maladie, il a dû s'écarter de la direction du groupe pendant six mois. Apple a continué ses affaires sur le même rythme, avec toujours autant de dynamisme et une capacité d'innovation intacte.

Car pour ses collaborateurs, Steve Jobs est également parvenu à appliquer un mode de gouvernance unique, où chacun s'efforce de « penser comme Steve Jobs ». D'ailleurs, ses émules ne s'arrêtent pas aux portes d'Apple. Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, affirment haut et fort que l'ami Steve reste leur indétrônable héros.