Visiblement, Christian Streiff n'a rien vu venir : « Après les premières rumeurs dans la presse, j'étais allé voir le président du conseil, Thierry Peugeot, qui m'avait dit: "n'écoutez pas les rumeurs, poursuivez votre tâche". J'étais donc entièrement tourné vers mon travail dans l'entreprise, jusqu'au coup de téléphone de dimanche midi », raconte-t-il dans les colonnes des Echos (31/03). Et d'ajouter : « J'ai été mis devant le fait accompli, sans la moindre discussion préalable ». Notons que c'est la première fois de son histoire que le constructeur débarque un président en exercice.

La pilule est d'autant plus dure à avaler que Christian Streiff avait « le sentiment d'avoir bien adapté le dispositif industriel à la crise, tout en redonnant une dynamique à l'entreprise ». Il a réussi à faire appliquer un programme de réduction des coûts ayant permis 2,4 milliards d'euros en l'espace de 24 mois.

Plusieurs plans de départs volontaires ont également été mis en place, 18 000 postes ayant été supprimés depuis 2007. Christian Streiff avait d'ailleurs accepté d'endosser la responsabilité : « Je n'avais pas été recruté pour plaire à tout le monde ». PSA a toutefois essuyé l'an dernier sa première perte depuis onze ans (343 millions d'euros), et ne prévoit pas de retour dans le vert avant au mieux 2010. Le groupe devrait en outre supprimer 11 000 postes supplémentaires cette année.

L'ombre de la famille Peugeot
Christian Streiff pense avoir compris d'où venait la défiance : « J'ai sans doute commis l'erreur d'avoir sous-estimé la spécificité de ce groupe familial, avec de nombreux membres de la famille au conseil, mais aussi dans l'entreprise elle-même. Je n'ai sans doute pas assez dialogué avec la famille dans sa diversité car j'étais concentré sur l'opérationnel ». Jusqu'à ce que son dernier soutien au sein de la famille actionnaire (30,27% du capital et 44,87% des droits de vote), Thierry Peugeot, ne le lâche à son tour.

Le Figaro (31/03) va même plus loin dans la logique. Le quotidien croit savoir que le départ de l'ancien président d'Airbus et de Saint-Gobain était acté depuis au moins un mois. Il s'agissait alors d'attendre que son successeur, Philippe Varin, quitte ses fonctions à la tête du sidérurgiste Corus. Le Figaro, tout comme la presse économique dans son ensemble, souligne que Christian Streiff paye surtout son style autoritaire et le manque de clarté de sa stratégie.