Difficile de réaliser la cession de plus d’un quart du capital d’une société dans de meilleures conditions que celles annoncées par Vivendi et Ubisoft. Les deux titres sont d’ailleurs bien orientés, le premier progressant de 0,93% à 21,61 euros tandis que le second gagne 3,38% à 70,88 euros. L’action de l’éditeur de jeux vidéo figure parmi les principales hausses de l’indice SBF 120 après avoir inscrit un nouveau record historique à 72,60 euros. Vivendi a cédé 27,27% du capital d’Ubisoft pour un montant de 2 milliards d’euros.

Le groupe présidé par Vincent Bolloré empoche au passage une plus-value, avant impôts et frais, de 1,2 milliard d'euros.

D'un point de vue technique, ce reclassement de 30,489 millions d'actions s'est déroulé dans de bonnes conditions, les titres ayant été cédés à 66 euros, soit avec une décote limitée de 3,7% par rapport au cours de clôture d'Ubisoft de mardi. Signe de l'attrait d'Ubisoft pour les marchés, la partie de la transaction réalisée sous la forme d'un placement privé accéléré auprès d'investisseurs qualifiés a été augmentée de 1,5 million d'actions à 11,88 millions.

En conséquence, la part du placement rachetée par Ubisoft a été réduite à un peu plus de 7,59 millions de titres, soit 6,8% du capital. Cette transaction se fera via une opération structurée avec Crédit Agricole CIB, permettant d'étaler les rachats d'actions par Ubisoft sur la période 2019-2021. Elles ont vocation à être annulées par Ubisoft, avec à la clé un effet relutif, ou à être utilisées dans les programmes de rémunération en actions.

Premier actionnaire d'Ubisoft, la famille Guillemot gagne la bataille contre Bolloré

Le désengagement de Vivendi s'accompagne de l'entrée de deux nouveaux actionnaires de long terme au capital d'Ubisoft. Le fonds de pension des enseignants de l'Ontario détiendra 3,4% du capital et, plus important, le géant chinois de la high-tech Tencent 5%.

Jefferies précise que Tencent est déjà entré dans le capital de plusieurs sociétés du secteur et est connu pour fournir des conseils stratégiques avisés. Les deux firmes ont par ailleurs signé un partenariat stratégique, ce qui selon LCM devrait permettre à Ubisoft d'accélérer son développement sur l'immense, mais relativement fermé, marché chinois.

La famille Guillemot devient pour sa part le premier actionnaire du groupe, le rachat d'un peu plus de 3 millions d'actions lui permettant de porter sa participation à 18,5% du capital et 24,6% des droits de vote.

Un peu plus de trois ans après le début de l'assaut de Vivendi, la famille fondatrice d'Ubisoft ressort comme la grande gagnante de cet affrontement. Débarrassée de Vincent Bolloré, elle peut désormais pleinement se consacrer à l'accélération du développement de l'éditeur de jeux vidéo, dont les performances opérationnelles se sont déjà nettement améliorées ces dernières années grâce à la mise en place de sa nouvelle stratégie.

Valeurs citées dans l'article : Ubisoft Entertainment, Vivendi