Telecom Italia est en concurrence avec l'opérateur télécoms espagnol Telefonica pour le contrôle de GVT, spécialiste du haut débit et de la télévision payante au Brésil.

Telefonica a soumis à Vivendi au début du mois une offre de 6,7 milliards d'euros au total pour le rachat de GVT, dans le but de renforcer son leadership sur un marché brésilien de la téléphonie mobile en forte croissance.

Le Brésil est un marché clé pour Telefonica et Telecom Italia qui contrôlent déjà les deux premiers opérateurs mobiles du pays, respectivement, Vivo et Tim Brasil.

L'acquisition de GVT est particulièrement importante pour Telecom Italia dans la mesure où il est le seul opérateur mobile brésilien à ne pas avoir de réseau fixe et que sa part est inférieure à 1% sur le marché du haut débit.

La part de marché de Telefonica sur ce marché du haut débit était de 18,4% fin mars, derrière America Movil et Oi, tandis que la part de GVT était de 12,7%.

L'offre de Telecom Italia, qui doit être discutée lors d'un conseil d'administration du groupe prévu mercredi, est fondée sur une fusion entre GVT et TIM Brasil.

Vivendi obtiendrait dans le cadre de l'offre une participation de 15 à 20% dans Telecom Italia via une augmentation de capital réservée, ainsi qu'un petit montant en numéraire, rapporte-t-on de mêmes sources, sans plus de précisions. Le groupe français conserverait en outre une part d'environ 12% du capital dans la nouvelle entité associant Tim Brasil-GVT, précise une source proche de l'opération.

VIVENDI ÉTUDIERA L'OFFRE

Reste à savoir comment Vivendi répondra aux deux offres. Le conseil d'administration de Vivendi doit étudier la situation lors d'une réunion avant la publication des résultats du deuxième trimestre prévue jeudi.

Le groupe français vient de vendre deux de ses trois filiales télécoms en deux ans, afin de se concentrer sur ses activités médias, dont Universal Music Group et Canal+.

Une cession de GVT, son dernier actif dans les télécoms et sa plus petite filiale, s'inscrirait dans cette stratégie, bien que le groupe ait déclaré début août, après l'offre de Telefonica, qu'acucune de ses activités n'était à vendre.

Un porte-parole de Vivendi a indiqué mardi que toute offre pour GVT serait étudiée par son conseil d'administration. Telefonica et Telecom Italia ont refusé de commenter.

Telecom Italia a un bilan moins confortable que Telefonica et la part de numéraire dans son offre devrait être inférieure à celle de son rival espagnol, indiquent les sources.

Mais Telecom Italia fonde ses espoirs sur le fait que Vivendi n'a pas besoin de trésorerie après la vente au printemps de son plus gros actif, SFR, pour environ 17 milliards d'euros, et que son président et premier actionnaire Vincent Bollore aimerait se développer en Italie, estime une source.

"Vivendi n'est pas du tout intéressé par le cash puisqu'il en a déjà beaucoup, mais souhaite un accord stratégique lui permettant de vendre ses contenus (musique et télévision)," selon une source proche de la société italienne.

Dans cette optique, Telecom Italia oriente son offre de façon à ce que Vivendi puisse distribuer son contenu musical et télévisuel en Italie, précise la source.

En outre, Telecom Italia table sur la présence de Bolloré en Italie. Vincent Bolloré détient 7% de Mediobanca, également un des conseillers de Telecom Italia sur GVT.

Telefonica va également proposer à Vivendi un accord de partage de contenus pour la télévision, a-t-on récemment appris d'une source proche du dossier.

Selon la presse italienne de mardi, Telefonica pourrait améliorer son offre pour GVT pour aller jusqu'à huit milliards d'euros au maximum et Vincent Bolloré devait rencontrer le directeur général de Telefonica, Cesar Alierta.

(avec Silvia Aloisi et Leila Abboud, Juliette Rouillon pour le service français)