Le groupe piloté par le milliardaire Vincent Bolloré avait partiellement dévoilé ses résultats en début d'année, en prévenant que son résultat opérationnel ajusté annuel serait inférieur à ses prévisions en raison de charges exceptionnelles liées à la restructuration du groupe de télévision, en difficultés dans l'Hexagone.

Le propriétaire de Canal+ et de la maison de disques Universal Music Group a fait état jeudi d'un chiffre d'affaires en croissance de 4,9% à données comparables à 12,44 milliards d'euros tandis que son résultat opérationnel ajusté (Ebita) a progressé de 23,1% à 987 millions d'euros.

Vivendi prévoyait initialement une augmentation de "plus de 5%" de son chiffre d'affaires et un Ebita en progression "de l'ordre de 25%".

Le groupe a principalement profité du bond à deux chiffres (10,00%) du chiffre d'affaires de sa filiale UMG, numéro un mondial de la musique enregistrée, grâce à la popularité croissante des offres de streaming proposées par Spotify, Apple ou Amazon.

Les revenus tirés des abonnements et du streaming représentent désormais 43% du chiffre d'affaires de la musique enregistrée du label, contre 17% trois ans plus tôt.

UMG, piloté de façon relativement indépendante depuis les Etats-Unis par Lucian Grainge, alimente désormais 77% des bénéfices opérationnels de la société.

Vivendi a déclaré à plusieurs reprises étudier l'opportunité d'une introduction en Bourse de sa pépite, ce qui a contribué à son retour en grâce en Bourse, plusieurs analystes ayant révisé à la hausse leurs valorisation de la filiale dans une large fourchette allant de 15 à 40 milliards d'euros.

"Il n'y a pas de projet à ce stade concernant une quelconque introduction en Bourse mais (...) nous conservons cette possibilité comme option", a précisé le président du directoire Arnaud de Puyfontaine aux analystes financiers.

PAS DE PRÉVISION POUR 2018

Sur un an, le titre Vivendi affiche un bond de 31%, une performance nettement supérieure à celle de l'indice européen des médias, en baisse de près de 5% sur la même période.

Vivendi a par ailleurs profité de la stabilisation du chiffre d'affaires du groupe de télévision Canal+ qui a bénéficié d'une forte hausse du nombre de ses abonnés en Afrique (+693.000).

Le taux de résiliation a par ailleurs diminué en France métropolitaine à la faveur de la refonte totale des offres, proposant désormais des prix attractifs en contrepartie d'un engagement sur 24 mois.

Canal+ a toutefois continué à perdre 300.000 abonnés classiques (hors contrats opérateurs) en France métropolitaine, portant à un million le total des pertes de clients depuis que Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, a pris la tête du groupe en juin 2014.

Le groupe qui avait publié ces dernières années le résultat opérationnel des chaînes Canal+ en France métropolitaine, un périmètre nouvellement identifié dans ses comptes, ne donne pas de chiffre pour 2017. L'offre de Canal+ ayant évolué, ce calcul n'est plus possible, a expliqué une porte-parole de Vivendi.

Havas, racheté par Vivendi l'an dernier pour 3,9 milliards d'euros, a de son côté connu un trou d'air, accusant une baisse de 0,8% de ses revenus à données comparables, tandis que sa marge a nettement reculé à 11,2% contre 14,5% en 2016. [L8N1Q577A]

Des mesures, notamment en termes d'effectifs et de rémunérations, sont prises pour s'adapter au contexte chahuté du marché publicitaire mondial depuis l'été dernier, a précisé le directeur financier Hervé Philippe.

Le groupe n'a pas fourni de prévision pour 2018, indiquant seulement tabler sur un Ebita de 450 millions pour l'ensemble du groupe Canal+, hors charges de restructuration.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Apple, Bolloré, Amazon.com