PARIS, 31 mars (Reuters) - Les salariés de Vivendi soutiennent la stratégie de Vincent Bolloré, président et premier actionnaire du groupe de médias, et désapprouvent les critiques formulées par un fonds spéculatif américain.

P. Schoenfeld Asset Management (Psam), premier actionnaire à contester ouvertement la stratégie de Vincent Bolloré, a estimé lundi que le groupe de médias laissait à l'homme d'affaires trop de liberté pour renforcer sa participation à un prix qu'il juge sous-évalué.

Psam a déposé la semaine dernière deux résolutions en vue de l'assemblée générale de Vivendi du 17 avril réclamant une augmentation du montant de la distribution proposée aux actionnaires au titre de 2014 et le versement d'un dividende exceptionnel d'un total de neuf milliards d'euros pour doper l'action.

Le fonds français PhiTrust Active Investors a de son côté appelé mardi au vote à cette AG de sa résolution portant sur la non-application de la "loi Florange" instituant un droit de vote double.

Vivendi a rejeté le 24 mars cette résolution ainsi que les deux émanant de Psam.

Bolloré contrôle désormais plus de 10% du capital de Vivendi, après avoir racheté le 26 mars pour 632 millions d'euros d'actions Vivendi à la suite de la cession de 22,5% du capital du groupe de publicité Havas.

Psam a également demandé à Vivendi d'envisager la scission du reste du groupe de la maison de disque Universal Music, l'une de ses deux activités restantes avec Canal+.

Les propositions "exorbitantes" de Psam risquent de conduire à un démantèlement de Vivendi, estime Paulo Cardoso, représentant des salariés au conseil de surveillance du groupe de médias, dans une lettre datée de lundi.

"Nous y sommes évidemment très opposés", écrit-il. "Nous sommes convaincus que notre groupe peut devenir un acteur international dans les médias et permettre la création de nombreux emplois grâce à une politique de long terme".

Les salariés détiennent 3,1% du capital de Vivendi, selon les données de Thomson Reuters.

Psam mène la première offensive directe contre la gouvernance de Vincent Bolloré depuis sa nomination à la présidence de Vivendi en septembre 2013. Il reste à voir quels soutiens il peut rallier parmi les actionnaires et les analystes se sont montrés sceptiques quant aux chances du succès du fonds.

Vincent Bolloré a vendu quatre des six divisions de Vivendi, sortant des télécoms et amassant un trésor de guerre de 4,6 milliards d'euros fin 2014. Le groupe encaissera aussi cette année les recettes des cessions prévues de l'opérateur télécoms brésilien GVT et d'une participation dans SFR.

Vivendi compte verser 5,7 milliards d'euros aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d'actions d'ici 2017 mais veut en conserver une partie pour se renforcer dans les médias par de la croissance organique et des acquisitions.

Psam estime que ces recettes devraient être redistribuées aux actionnaires, critiquant la stratégie de développement de Vivendi, dont les deux activités restantes, la musique et la télévision payante, ont peu en commun.

Le ton est monté ces derniers jours entre la direction de Vivendi et son actionnaire frondeur, le groupe de médias menaçant de poursuites judiciaires le fonds américain qui a riposté en pointant du doigt les achats d'actions Vivendi "opportunistes" de Vincent Bolloré sur le marché. et

L'action Vivendi a gagné 4,4% depuis le début de la campagne de Psam le 23 mars et a clôturé mardi à 23,11 euros. (Leila Abboud, avec Cyril Altmeyer, édité par Patrick Vignal)

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, BOLLORE