DACCA, 28 décembre (Reuters) - Des centaines d'ouvriers du textile au Bangladesh ont été licenciés après les manifestations d'octobre pour de meilleurs salaires, ont déclaré cette semaine à Reuters trois syndicats représentant un demi-million de travailleurs, tandis que de nombreux autres sont en fuite, craignant d'être arrêtés.

Quatre ouvriers ont été tués et des dizaines d'autres blessés lors d'affrontements qui ont éclaté avec la police au cours de ces manifestations, qui se sont déroulées parallèlement à des protestations organisées par l'opposition en prévision des élections générales du 7 janvier.

La police a porté plainte contre des centaines de personnes non identifiées pour vandalisme.

En novembre, le gouvernement a accepté d'augmenter le salaire minimum de plus de 56% pour le porter à 12.500 taka (102,66 euros) par mois, mais de nombreux travailleurs le jugent encore trop bas. Le Bangladesh est devenu le deuxième exportateur mondial de vêtements après la Chine, en partie grâce aux bas salaires.

Les trois syndicats - la Fédération des travailleurs de l'industrie et de l'habillement du Bangladesh (BGIWF), la Fédération nationale des travailleurs de l'habillement (NGWF) et le Conseil de l'unité des travailleurs de l'habillement du Bangladesh (BGWUC) - estiment que 1.000 à 5.000 ouvriers ont été licenciés au cours des deux derniers mois ou sont entrés dans la clandestinité.

Faruque Hassan, président de l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA), a déclaré qu'il n'était au courant d'aucun licenciement, ajoutant que l'organisation industrielle prendrait des mesures si "de tels incidents étaient portés à notre connaissance".

Le ministère du Travail du Bangladesh n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Momanul Islam, un responsable de la police d'Ashila, une plaque tournante de la confection, a assuré que la police n'avait arrêté aucun ouvrier de la confection dans le cadre des manifestations.

Les quelque 4.000 usines de confection du Bangladesh emploient environ 4 millions de travailleurs pour approvisionner les grandes marques occidentales.

En octobre, des marques comme Abercrombie & Fitch, Adidas, GAP, Levi Strauss, Puma , PVH et Under Armour ont demandé au gouvernement de veiller à ce qu'il n'y ait pas de représailles contre les travailleurs qui réclament des salaires équitables.

Delowar Hossin, ouvrier de la confection chez Ducati Apparels, a déclaré qu'il avait été licencié au début du mois sans explication ni indemnités de licenciement.

"On m'a simplement empêché d'entrer dans l'usine", a expliqué Delowar Hossin, qui travaille désormais à temps partiel comme maçon.

Le directeur général de Ducati, Khayer Mia, a affirmé avoir versé l'intégralité des salaires bien que les manifestations aient entraîné la fermeture de l'usine pendant dix jours.

"J'aime mes employés et mon usine comme ma famille, mais certains travailleurs de manière très, très stupide et sans aucune raison (...) ont cassé toutes les fenêtres de l'usine", a-t-il déclaré, blâmant quelque 15 à 20 travailleurs. Il a refusé de commenter le licenciement de Delowar Hossin. (Reportage Ruma Paul et Kanjyik Ghosh ; version française Kate Entringer)

par Ruma Paul et Kanjyik Ghosh