LONDRES (Reuters) - Crédit Agricole SA a dépassé son objectif de bénéfice pour 2022 avec un an d'avance, grâce à la baisse des coûts liés aux créances douteuses et à la hausse des revenus de tous les secteurs d'activité, ce qui a permis aux résultats du quatrième trimestre de dépasser le consensus.

La deuxième banque française cotée en Bourse a annoncé qu'elle présenterait le 22 juin un nouveau plan stratégique à l'horizon 2025.

Elle a dégagé un bénéfice net sous-jacent de 5,4 milliards d'euros en 2021, bien supérieur à son objectif de 5 milliards fixé pour 2022.

D'autres objectifs clés pour 2022, tels qu'un coefficient d'exploitation inférieur à 60% et un rendement des capitaux propres tangibles supérieur à 11%, ont été atteints avec des chiffres pour 2021 s'élevant respectivement à 57,8% et 13,1%.

Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net a bondi à 1,428 milliard d'euros, contre 124 millions d'euros un an plus tôt, alors qu'une dépréciation de 778 millions d'euros pour écart de valeur ("goodwill") de ses activités italiennes avait plombé ses résultats.

A la Bourse de Paris, l'action Crédit Agricole gagnait 1,28% à 14,14 euros à 10h43, contre une hausse de 0,31% pour l'indice européen Stoxx des banques.

Le titre évolue ainsi à son plus haut niveau depuis 2018, après avoir rebondi de près de 150% depuis le krach lié au COVID-19 en mars 2020.

Il s'agit d'une "bonne publication" de résultats pour le quatrième trimestre, ont observé les analystes de Jefferies, soulignant que le résultat net trimestriel est ressorti supérieur de 17% au consensus.

BONNE SANTÉ DE L'ÉCONOMIE

Les bonnes performances de Crédit Agricole font écho à celles de Société générale, qui a annoncé jeudi un quasi quadruplement de son bénéfice au quatrième trimestre.

La semaine dernière, l'autre grande rivale BNP Paribas a fait état d'une hausse de près de 45% de son bénéfice net sur la même période.

"C'est totalement lié à l'économie: beaucoup moins de faillites dans l'économie, c'est moins de pertes, c'est moins de provisions à passer pour les banques et donc la bonne santé de l'économie et la bonne santé des banques, ça va ensemble", a expliqué jeudi le directeur général de Crédit Agricole, Philippe Brassac, sur BFM Business.

Au quatrième trimestre, le coût du risque de Crédit Agricole, qui reflète les provisions pour créances douteuses, a ainsi baissé de 34,5% à 328 millions d'euros à périmètre constant.

La banque de détail en France et à l'international, la banque d'investissement, l'assurance et la gestion d'actifs ont tous connu une hausse à deux chiffres de leur résultat net au cours des trois derniers mois de 2021.

Au total, les revenus trimestriels de la banque verte ont atteint 5,81 milliards d'euros, soit une hausse de 10,7% par rapport à la même période en 2020.

PAS DE NOUVEAUX RACHATS D'ACTIONS

Crédit Agricole, qui vise une distribution de 50% de ses bénéfices aux actionnaires, propose un dividende de 1,05 euro par action pour 2021, qui comprend un rattrapage de 20 centimes pour le dividende de 2019 qui n'a pas pu être versé.

La Banque centrale européenne (BCE) avait limité le versement des dividendes au plus fort de la pandémie de coronavirus afin de préserver les fonds propres des banques.

Durant la présentation des résultats à la presse, le directeur financier du Crédit Agricole, Jérôme Grivet, a refusé de préciser davantage la politique de distribution du groupe, expliquant que toute évolution serait détaillée lors de la présentation du nouveau plan stratégique en juin.

"A ce stade, nous n'envisageons pas de lancer de nouveaux rachats d'actions", a-t-il ajouté, alors que le rebond de la croissance économique et la hausse des taux d'intérêt ont incité d'autres banques européennes à améliorer le retour aux actionnaires.

(Reportage Julien Ponthus, version française Jean-Michel Bélot et Blandine Hénault, édité par Sophie Louet)