Déjà très difficile, la situation d’Atos devient encore plus périlleuse après la fin des discussions avec Airbus concernant la cession de BDS. Plus forte baisse du SBF 120, Atos dévisse de 21,86% à 1,68 euro après avoir inscrit ce matin un nouveau plus bas historique à 1,62 euro. Le titre du groupe aéronautique gagne 2,19% à 166,80 euros. Fin février, le groupe d’informatique en difficulté financière avait aussi annoncé l’échec des discussions avec Daniel Kretinsky à propos de la cession de ses activités historiques logées dans Tech Foundations.

Les unes après les autres, les mesures envisagées dans le cadre de son redressement sont abandonnées.

Atos avait indiqué début janvier ouvrir "une phase de due diligence avec Airbus, dont l'offre indicative d'une valeur d'entreprise de 1,5 à 1,8 milliard d'euros portait sur l'intégralité" de sa branche spécialisée en big data et cybersécurité.

"Après avoir examiné attentivement tous les aspects d'une acquisition potentielle de la branche BDS (Big Data and Security) d'Atos, Airbus a décidé de ne plus poursuivre les discussions avec Atos au sujet de cette transaction potentielle", a indiqué l'avionneur dans un court communiqué. En février 2023, Airbus avait déjà envisagé d'acquérir une participation de 29,9% dans cette branche avant d'abandonner son projet.

Atos évalue activement ses alternatives stratégiques

Pour sa part, Atos " analyse la situation en résultant et évalue activement les alternatives stratégiques qui prendront en compte les impératifs de souveraineté de l'Etat français".

Conséquence de la décision d'Airbus, la société informatique reporte la publication, prévue demain, de ses résultats annuels 2023 "dans un futur proche.

Atos avait déjà annoncé fin février le report de la publication de ses comptes 2023 et la fin des discussions avec Daniel Kretinsky à propos de la cession de Tech Foundations.

Avant même l'échec de la cession de BDS, Oddo BHF soulignait qu'une "opération ne résoudrait pas le problème d'endettement cible du groupe post refinancement". "Une restructuration de la dette est donc inévitable, ce qui sera nécessairement très dilutif pour les actionnaires actuels ne pouvant pas apporter d'argent frais dans le cadre du processus de restructuration" prévenait l'analyste.

Ces opérations devaient s'inscrire dans le cadre du désendettement d'Atos, qui se trouve dans une situation financière difficile. La société affichait à fin décembre 2023 un endettement financier net de 2,230 milliards d'euros et une dette financière brute s'élevait de 4,654 milliards d'euros. Elle a consommé 1,078 milliard d'euros de trésorerie l'année dernière.

Au début du mois de février, Atos avait annoncé la désignation d'un mandataire ad hoc pour encadrer ses discussions avec ses banques au sujet du refinancement de sa dette. La société avait aussi prévenu que les conditions de réalisation du projet d'augmentation de capital de 720 millions d'euros n'étaient plus réunies.

L'Etat "utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques" d'Atos, avait alors réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans une interview aux Echos. "Nous ne laisserons pas tomber les activités industrielles d'Atos qui représentent des dizaines de milliers d'emplois", a-t-il ajouté.