Madrid (awp/afp) - Coup de tonnerre dans le secteur bancaire espagnol: Sabadell et BBVA ont annoncé vendredi l'abandon de leur projet de fusion, une opération destinée à les aider à faire face à la crise et qui aurait donné naissance à un mastodonte.

Dans un bref communiqué, Sabadell, cinquième banque du pays, affirme être à l'origine de la rupture des négociations.

"Le conseil d'administration de Banco Sabadell a décidé de mettre fin à ces discussion, les parties n'étant pas parvenues à un accord sur l'éventuel échange d'actions entre les deux entités", a expliqué la banque.

Concrètement, Sabadell a estimé que l'offre que lui avait faite BBVA était insuffisante et ne correspondait pas à la valeur de la banque. On ne disposait d'aucun chiffre concernant le montant de cette offre.

Pour sa part, BBVA, deuxième groupe bancaire espagnol, s'est contenté d'indiquer dans un communiqué distinct tout aussi bref que "les conversations au sujet d'une opération de fusion potentielle avec Banco Sabadell se sont conclues sans qu'un accord ait été atteint".

A la Bourse de Madrid, cette annonce entraînait un plongeon de 12,28% de l'action Sabadell à 0,3528 euro, vers 9H00 GMT. Le titre BBVA progressait lui de 2,41% à 3,8610 euro.

Les deux banques avaient annoncé le 16 novembre ce projet de fusion, dont le but était de les aider à mieux résister à la crise économique née de la pandémie de Covid-19.

Quelques heures plus tôt, BBVA avait annoncé la cession de sa filiale aux États-Unis au groupe américain PNC Financial Services pour près de dix milliards d'euros.

L'opération avait été interprétée comme étant liée au processus de consolidation dans le secteur bancaire espagnol, sachant qu'une fusion entre BBVA et Sabadell aurait pris la forme, dans la pratique, d'un rachat de cette dernière par la première.

Secteur bancaire en ébullition

Le secteur bancaire espagnol, qui a déjà vu des dizaines de banques disparaître dans le cadre de fusions durant la crise financière de 2008, est en ébullition depuis l'annonce en septembre du rachat de Bankia, quatrième banque du pays, par CaixaBank, la troisième.

Le mariage entre ces deux entités doit donner naissance à la première banque du pays en terme d'actifs en Espagne. Si elle avait vu le jour, la nouvelle entité issue du rachat de Sabadell par BBVA se serait située juste derrière.

Plus petite en Espagne, Santander reste, en revanche, la plus grande banque espagnole en raison de sa forte présence à l'international.

Encouragée par la BCE et la Banque d'Espagne, cette concentration a principalement pour but d'aider les banques espagnoles, qui ont beaucoup souffert de la crise de 2008, à faire face à la nouvelle crise liée à la pandémie de coronavirus.

Le nouveau panorama bancaire espagnol doit être complété par une éventuelle fusion entre Liberbank et Unicaja, toutes deux de taille moyenne, qui négocient depuis octobre.

Pays parmi les plus affectés par la crise sanitaire, l'Espagne devrait connaître en 2020 le plus fort recul du PIB des pays occidentaux, avec une chute de 12,8% selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI).

Un plongeon de l'économie qui entraîne inévitablement une hausse des créances douteuses des entreprises et des particuliers.

Sabadell se recentre sur l'Espagne

Après avoir annoncé la rupture de ses négociations avec BBVA, Sabadell a dévoilé la future mise en oeuvre d'un nouveau plan stratégique centré sur le marché domestique.

Ce plan sera annoncé au premier trimestre 2021, a indiqué la banque. Mais Sabadell révèle déjà qu'il comprendra l'extension de son programme de réduction des coûts et de transformation de son activité de banque de détail en Espagne.

Le 10 novembre, la banque avait annoncé aux syndicats sa volonté de supprimer 1.800 postes, soit près de 11% de ses effectifs en Espagne, selon le syndicat Commissions ouvrières.

Le groupe envisage, par ailleurs, la cession d'actifs à l'étranger et indique à ce sujet qu'il va "analyser avec ses conseillers des alternatives stratégiques de création de valeur par rapport aux actifs internationaux du groupe, dont TSB", sa filiale au Royaume-Uni.

afp/al