Genève (awp) - Barry Callebaut a vu sa rentabilité fondre au premier semestre de son exercice décalé 2023/24, en dépit d'un chiffre d'affaires en nette progression. Pour l'ensemble de l'année, le négociant et transformateur de produits cacaotés s'attend à une stagnation des volumes et de ses résultats.

"Le marché du cacao fait face à des bouleversements sans précédent", a déclaré mercredi le directeur général de la multinationale zurichoise Peter Feld, lors d'une conférence de presse. Le prix des fèves de cacao a flambé de 81% au cours des six mois sous revue, ce qui a pesé sur les liquidités disponibles à hauteur de 1,1 milliard de francs suisses, faisant chuter les flux de trésorerie à - 1,12 milliard. Les volumes des ventes ont, eux, quasi stagné (+0,7%) à 1,14 milliard de tonnes.

Le groupe est cependant parvenu à répercuter dans une large mesure ce renchérissement sur ses prix. Entre septembre et février, le chiffre d'affaires a progressé de 11,1% en rythme annuel à 4,6 milliards de francs suisses, peut-on lire dans le rapport semestriel. Exprimée en monnaies locales, la hausse est même de 19,6%.

Résultats lestés par un plan d'économies

La rentabilité a fait les frais de la force du franc, ainsi que des coûts du programme d'économies baptisé BC Next Level. Ce dernier a pesé à hauteur de 169 millions sur la performance. Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) est ainsi ressorti divisé par deux (-48,9%) à 178,1 millions, tandis que le bénéfice net s'est effondré de plus de deux tiers (-67,2%) à 76,8 millions.

Cette restructuration, qui doit à terme permettre d'économiser 30 millions de charges opérationnelles récurrentes, devrait encore lester de 110 à 130 millions de francs suisses les résultats de l'exercice en cours.

Fin février, le patron avait indiqué dans la presse que la société pourrait supprimer jusqu'à 2500 postes au niveau mondial, ce qui représenterait près de 20% de ses effectifs, dans un délai de 18 mois.

Au total, les coûts uniques du programme sont estimés à 290 millions. "D'ici fin mars 2025, 80% du programme de réduction des coûts sera en place", a affirmé le directeur financier Peter Vanneste. La direction affirme en outre être en discussion avec les partenaires sociaux pour les employés qui pourraient être touchés par les mesures.

En excluant ces effets, l'Ebit dit récurrent ressort à 339,4 millions, en baisse de 2,6% et même en progression de 7,9% si exprimé en monnaies locales. Le bénéfice net récurrent atteint 215,8 millions, en repli de 7,9% ou en légère hausse de 0,8% en monnaies locales.

Par division, les volumes des ventes de Global Chocolate ont progressé de 1%, freinés par une demande plus faible due à l'inflation. L'Europe de l'Ouest a été le plus large contributeur (+2,2%). Le segment Global Cocoa a quant à lui reculé de 0,7% en raison de la forte hausse des prix du cacao.

Plébiscité en Bourse

La copie rendue par Barry Callebaut s'inscrit au-dessus des attentes des analystes consultés par l'agence AWP.

Les analystes attribuent une mention spéciale à la progression, bien que faible, des volumes, dans un environnement de marché chahuté. Barry Callebaut est parvenu à survoler le secteur du chocolat mondial, ce qui est "remarquable", souligne-t-on chez Stifel. "Rassurant", note-t-on chez Vontobel, compte tenu des hausses significatives des prix des matières premières. Du côté de Baader Helvea, on se montre plus critique, relevant des coûts de restructuration nettement plus élevés que prévu.

Les investisseurs se sont rués sur le titre. La nominative a clôturé la séance sur un bond de 9,8% à 1350,30 francs suisses, dans un indice général SPI en baisse de 0,10%.

Au chapitre des perspectives, le groupe aux 13'000 collaborateurs dans plus de 40 pays évoque un environnement très volatil. "Nous restons prudents compte tenu de la flambée extraordinaire des prix au cours des six derniers mois et des implications potentielles pour nos clients et nos partenaires d'approvisionnement", a souligné M. Feld, ajoutant que la tendance est toujours à la hausse.

Parmi les incertitudes pesant sur la chaîne de livraison, Peter Vanneste cite les risques météorologiques menaçant les récoltes, ainsi que le fait que les producteurs ne bénéficient pas des hausses de prix. La multinationale zurichoise affirme cependant avoir sécurisé son approvisionnement. La direction maintient aussi ses objectifs pour l'ensemble de l'exercice 2023/2024, à savoir des volumes et un Ebit récurrent, exprimé à taux de change constants, stables.

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