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(Easybourse.com) Bonduelle a publié, au terme de son premier semestre 2009/2010, un résultat opérationnel courant en hausse de 10,3% à 52,4 millions, soit une marge de 6,9% contre 6,3% un an plus tôt. Votre résultat net consolidé est également en progression, à 25,2 millions d'euros. Quel commentaire vous inspirent ces résultats et quels ont été les moteurs de croissance sur la période ?
Nous constatons aujourd'hui que l'environnement de consommation reste faible et peu dynamique, y compris d'ailleurs sur des marchés comme celui de la Conserve, qui sont des marchés en général plutôt résistants en Europe et qui se sont retrouvés légèrement négatifs sur l'année 2009. Ce constat, nous le faisons en Europe mais également sur le marché nord- américain.

Le consommateur est donc toujours très attentif à ses dépenses, et ceci avec une certaine volatilité, c'est-à-dire que les chiffres de consommation peuvent varier de manière significative d'un mois sur l'autre. Pour autant, nous avons la chance d'adresser des marchés très résistants, notamment dans la Conserve et le Surgelé. Tandis que les marchés qui, pour nous, avaient été les plus touchés, en particulier le marché du Frais, sont revenus à des niveaux de stabilité voire de légère croissance, sans toutefois renouer avec le rythme de croissance antérieure, qui était autour de 10%.

Comment avez-vous réagi face à la crise ?
Nous avons engagé un plan destiné à améliorer notre efficacité, appelé «Plan de compétitivité durable», et qui touche à la fois la réduction de nos frais généraux, ainsi que la recherche d'amélioration et d'efficacité dans nos outils industriels. En 3 ans, nous avons l'ambition d'économiser 30 millions d'euros en année pleine. Nous avons d'ailleurs la satisfaction, au bout de 18 mois, d'avoir déjà enregistré 17 millions d'euros d'économie.

Et en termes de marge…
Nous avons bien entendu la satisfaction de voir notre marge opérationnelle courante croitre et rapporter au chiffre d'affaires 60 points de base, avec une amélioration notable en Europe.

Notre rentabilité dans cette zone s'était dégradée depuis plusieurs exercices, or nous avons gagné, en Europe, 90 points de base. Cela étant, il faut garder en tête que nous avons une rentabilité très différenciée entre la zone Europe et la zone hors Europe (4,2% en France, 15% environ hors de l'Europe).

Votre endettement a beaucoup diminué, comment l'expliquez-vous ?
La dette est inhérente à notre business model qui est fondé sur deux axes principaux :
-il est en effet capital intensif : nous possédons nos usines et notre stock, et nous avons une activité saisonnière puisque nous produisons pour la Conserve et le Surgelé, pendant près de 4 mois avant de vendre pendant 12 mois.
-Par ailleurs, la croissance externe fait également partie intégrante de notre business model. Depuis de nombreuses années, nous alimentons la moitié de notre croissance par de la croissance externe, nous renouvelons donc régulièrement nos besoins de financement. Cette amélioration de notre endettement provient pour une large partie de l'amélioration de notre profitabilité.

80% de notre dette est une dette à moyen-long terme, au travers de 'private placements' que nous avons faits aux Etats-Unis, ou d'émissions obligataires réalisées en 2007 et 2009. Nos besoins de financement sont donc importants et notre stratégie financière consiste à les sécuriser.

Nous avons annoncé l'acquisition de France Champignon, or nous estimons qu'au 30 juin 2010, notre ratio d'endettement s'améliorera par rapport à l'exercice précédent, alors même que nous aurons procédé à une acquisition significative de l'ordre de 100 millions d'euros.

Quelles sont les bénéfices attendus de cette acquisition par Bonduelle ?
Le champignon est tout à fait légitime dans notre stratégie qui est orientée exclusivement vers le légume. Ce qui nous a intéressés chez France Champignon, c'est sa position de leader affirmé puisque le groupe possède 25% de parts de marché en Europe. Il s'agit en outre d'un marché très concentré, très proche de notre savoir-faire dans la mesure où 75% de l'activité concerne la conserverie, dont nous sommes le spécialiste en Europe.

Butler Capital avait investi dans cette société pour deux raisons : d'une part, rénover la gamme de produits en développant les produits à valeur ajoutée ; d'autre part, travailler sur l'amont agricole, c'est-à-dire passer de la culture de caves à des maisons de culture réputées plus efficaces. Maintenant, les deux challenges qui restent, ce sont l'amélioration de l'efficacité industrielle et l'internationalisation de cette activité puisqu'aujourd'hui, France Champignon fait encore 65% de ses ventes en France. L'activité de ce groupe, totalement intégrée à Bonduelle, pourra ainsi bénéficier de l'ensemble de notre dispositif européen, puisque nous avons des filiales dans pratiquement tous les pays d'Europe.

Cette activité représente près de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit de l'ordre de 15% de la taille du groupe Bonduelle. Il s'agit donc d'une acquisition très significative, c'est même la seconde en termes de taille, après l'acquisition d'Aliment Carrière en 2007.

Dans un contexte où les cours des matières premières agricoles restent très volatils et où la consommation ne semble pas encore bien repartie, quelles sont vos perspectives pour le reste de l'exercice, en termes chiffrés ?
Nous observons une certaine stabilité, voire une légère baisse, de nos différentes composantes de coûts pour la campagne de l'été 2010.

Pour autant, et ce qui est un facteur très nouveau pour nous, c'est que nous verrons très probablement à l'avenir des volatilités importantes sur les produits agricoles. Autrement dit, il n'y a pas de marché organisé pour les petits pois, or l'agriculteur face à son champ  fera soit du blé, dont le cours est déterminé au niveau international, soit des petits pois, il faudra donc le rémunérer pour cela à hauteur de ce qu'il toucherait en matière de blé.

Nous allons donc bien vers une volatilité croissante, nous pensons toutefois que pour l'année qui vient, les prix devraient restér relativement stables, voire en légère décrue.

Comptez-vous encore réaliser de la croissance externe sur l'exercice ? De quelle nature serait-elle ?
Les circonstances font que les opportunités sont en nombre important et à des valorisations attractives. Nous avons par ailleurs la chance d'être dans une société financièrement saine, et part rapport aux lignes de financement disponibles, nous sommes encore en capacité de pouvoir saisir des opportunités : soit pour compléter nos gammes de produits, soit sur le plan géographique, pour pénétrer les Etats-Unis où nous ne sommes toujours pas, et les pays de l'Est où nous sommes très présents en Conserve mais pas encore en Surgelé, ce qui pourrait se faire par croissance interne comme externe.

Nous avons également deux projets de croissance interne significatifs : au Brésil, avec une usine qui va démarrer durant l'été 2010, et en Ukraine dès 2011. 
 
Quelle est l'implication de Bonduelle dans la chimie verte etc. ?
Nous sommes très impliqués dans l'amont agricole, c'est-à-dire que nous ne produisons pas les légumes mais nous avons un vrai partenariat avec les agriculteurs. Bien évidemment, le Grenelle de l'environnement est un enjeu très important puisqu'il limite l'utilisation des matières actives. Il s'agit d'une vraie opportunité pour réfléchir à nos pratiques culturales, dans la mesure où c'est un vrai avantage compétitif d'avoir cette maîtrise.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

- 02 Mars 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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