Bouygues accélère son repli à la bourse de Paris, perdant 2,78% à 34,29 euros. Les investisseurs sont perplexes après l'annonce du plan stratégique "Ambition 2026" de la filiale de télécommunication du conglomérat français, en raison notamment de son objectif de marge. Bouygues Telecom a déclaré vouloir "devenir l'opérateur télécom numéro 2 dans le Mobile et un acteur majeur de la fibre en France", avec pour cibles un chiffre d'affaires Services de plus de 7 milliards d'euros, une marge d'EBITDA après Loyer d'environ 35% et un cash flow libre d'environ 600 millions d'euros.

"La stratégie de Bouygues Telecom déployée depuis 2015 est un succès incontesté", s'est félicité Richard Viel, le directeur général de l'opérateur. "Les objectifs commerciaux et financiers fixés à l'époque ont tous été atteints ou dépassés, faisant de Bouygues Telecom l'opérateur ayant connu la plus forte croissance de chiffre d'affaires du marché français et parmi les tous premiers en Europe. Aujourd'hui, Bouygues Telecom aborde une nouvelle phase de son développement pour renforcer son positionnement d'opérateur global, fort sur tous les marchés de la connectivité."

Pour atteindre son ambition, Bouygues Telecom veut accélérer sa croissance dans un marché français "redevenu porteur". Il souhaite notamment conforter sa place de deuxième meilleur réseau Mobile de France en augmentant la couverture (objectif de 28 000 sites en 2023 et environ 35 000 en 2026) et en multipliant par 4 la capacité réseau d'ici 2026.

Il compte également capitaliser sur l'intégration récente de l'opérateur alternatif Euro-Information Telecom (EIT), qui lui a permis de gagner 2 millions d'abonnés, et sur son partenariat de distribution exclusif avec le Crédit Mutuel-CIC.

Dans la fibre, Bouygues Telecom ambitionne de gagner 3 millions de clients FTTH supplémentaires grâce à des offres à prix compétitifs, à des équipements Fixe innovants, et au doublement de la couverture FTTH. L'opérateur souhaite ainsi passer d'environ 17 millions de prises commercialisées fin 2020 à un objectif de 35 millions fin 2026, avec un objectif intermédiaire de 27 millions fin 2022.

Bouygues Telecom explique que son plan se déroulera en deux temps. En 2021-2023, celui-ci devrait tirer à la hausse le chiffre d'affaires Services et l'EBITDA après Loyer, tout en gardant stable la marge d'EBITDA après Loyer (à environ 31%) en raison de la hausse des dépenses. Puis, en 2024-2026, cette marge devrait accélérer grâce aux économies d'échelle générées par l'intégration d'EIT et la croissance de sa base clients.

L'opérateur a estimé que ses investissements bruts annuels se chiffreraient à environ 1,5 milliard d'euros entre 2021 et 2025 et environ à 1,4 milliard d'euros en 2026. Des chiffres conformes à ce que JPMorgan anticipait la semaine dernière: dans une note prospective concernant cette journée des investisseurs, la banque déclarait s'attendre à ce que Bouygues Telecom annonce un capex 2021 supérieur 1,2 milliard d'euros.

JPMorgan expliquait aussi que les investisseurs étaient très divisés sur l'organisation impromptue de cet évènement dédié à l'opérateur télécoms, affirmant que "les espoirs d'une amélioration des bénéfices [était] contrebalancés par la crainte d'un éventuel avertissement sur les bénéfices".

L'analyste a par ailleurs estimé que l'intégration d'EIT devrait augmenter l'EBITDA 2021 du groupe Bouygues de 60 millions d'euros et l'EBITDA à moyen terme de plus 200 millions d'euros par an. Mais selon, la situation générale reste que le conglomérat semble bien placé pour doubler son EBIT entre 2020 et 2022, ce qui permettrait de soutenir un rendement des cash flow libres très attractif de 8% sans effet de levier.

Enfin, JPMorgan a jouté qu'il y avait de la place pour Bouygues afin de procéder à d'autres acquisitions (relutives) et/ou améliorer le rendement pour les actionnaires.