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(Easybourse.com) Pourriez-vous nous faire quelques commentaires sur vos résultats du premier semestre ?
Les résultats sont solides et prometteurs. Ils démontrent que la transformation du groupe, c'est-à-dire le repositionnement sur de nouveaux métiers avec l'abandon des métiers anciens, engagé depuis trois ans, porte ses fruits de manière tangible.

Les ventes ont connu une accélération. Les prises de commandes ont augmenté de plus de 6%. Le chiffre d'affaires a crû de 4,3% au deuxième trimestre : il a en particulier été tiré par nos activités dans le secteur des services qui croît plus de deux fois plus rapidement que le marché.

La profitabilité du groupe, l'EBIT, est en hausse de plus de 20% par rapport au premier semestre 2007, à 11,5 millions d'euros. C'est là une performance extrêmement positive dans le contexte que nous connaissons actuellement.
 
Dans le secteur des services, quels sont les segments qui sont les plus porteurs ?
Le e-gouvernement, notamment, est un secteur tout-à-fait intéressant : nous avons remporté un certain nombre de contrats en France et à l'étranger destinés à aider les administrations à moderniser leurs taxes, leurs systèmes de gestion de la comptabilité ou encore leurs contacts avec leurs citoyens.
 
Par ailleurs, le segment des télécommunications, en plein essor, a crû de plus de 25% ce semestre.
 
Nous enregistrons qui plus est une amélioration significative de la marge des services de près d'un point, avec en particulier une progression du taux d'utilisation de nos ingénieurs.
 
La transformation du groupe est extrêmement bien engagée.
 
On remarque dans vos résultats une nette diminution des frais de R&D. De quelle manière l'expliquez-vous ?
Nous avons souhaité transformer notre «business model» de R&D, afin de l'optimiser. Nous faisons désormais participer nos clients stratégiques à notre effort. C'est une manière d'investir sur les compétences du groupe pour leurs futurs besoins.
 
La diminution des frais de R&D ainsi que celle des frais administratifs nous ont permis de mettre l'accent sur l'embauche des commerciaux pour soutenir nos nouvelles offres.
 
Vous avez récemment annoncé la signature d'un contrat de long terme avec le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) pour développer et livrer à partir de 2010 une machine ayant une vitesse de calcul et de simulation numérique dite «pétaflopique», c'est-à-dire capable d'effectuer un million de milliards à la seconde. Pourriez-vous nous en parler ?
Les technologies pétaflopiques sont un enjeu majeur aussi bien pour la recherche universitaire, pour l'industrie, pour l'emploi, (...) notamment dans l'aéronautique, l'énergie, la climatologie, les sciences de la vie, la finance, le traitement de l'information ; que pour le développement durable et les économies d'énergie. Le Calcul Haute Performance est (...) un élément fondamental de la souveraineté des États.
 
Il y a cinq ans la machine que nous livrions au CEA était 20 fois moins puissante.
Nous avons non seulement rattrapé le retard que nous avions par rapport à la concurrence mais nous nous positionnons clairement à présent dans le peloton de tête des acteurs technologiques en Europe.
Notre ambition est de prendre 10% de part de marché sur le Vieux continent dans les années qui viennent.
 
En trois ans, nous avons convaincu plus de 100 clients répartis sur trois continents et dans 15 pays d'acheter les systèmes de simulation numérique de Bull.
Il s'agit donc d'un moteur de renouveau bien ancré sur lequel nous comptons continuer à investir dans les prochains trimestres.
 
Nous avons lancé une initiative au niveau européen qui a été reprise par le président Nicolas Sarkozy pour établir un axe franco-allemand avec la participation d'autres pays européens éventuels, afin de développer ces technologies à l'horizon 2010/2012. Nous devrions voir dans les mois qui viennent une progression de cette stratégie.
 
Quelle est l'importance de l'investissement effectué sur un tel outil ?
L'ordre de grandeur des investissements est d'une dizaine de millions d'euros sur trois années. (Cela ne constitue pas le montant du contrat qui nous lie au CEA).
 
Vous avez lancé au deuxième trimestre une nouvelle offre, Globull, qui illustre votre positionnement sur les systèmes sécurisés. Où en est le succès de ce produit ?
Globull est un système innovant, conciliant mobilité et haute sécurité, puisqu'il permet à toute personne de se connecter sur n'importe quel PC dans le monde, tout en apportant son environnement de travail et de logiciels.
 
Nous avions planifié la commande de plusieurs milliers de systèmes cette année. Nous sommes sur cette ligne d'horizon.

On observe un excellent accueil de la part du marché qui voit d'un bon œil l'avance que nous avons sur nos concurrents. Globull étant le seul produit de ce type disponible actuellement.
 
Vous allez dans les mois qui viennent accélérer votre politique de recentrage du périmètre. Envisagez-vous des acquisitions d'ici la fin de l'année? Dans quelles régions, quels domaines en particulier ?
Nous procédons depuis trois ans à une politique d'acquisitions fondées sur les compétences de petites et moyennes entreprises dans les régions stratégiques pour le groupe.
 
Nous avons acquis il y a environ un mois la société CSB Consulting en Belgique, une société de services qui emploie environ 150 personnes, qui réalise une dizaine de millions d'euros de chiffre d'affaires et qui offre plus de 6 % de rentabilité.
Cet investissement correspond tout-à-fait à notre focalisation stratégique sur les services et sur le secteur public. CSB Consulting travaille en étroite collaboration avec les institutions européennes de Bruxelles.
 
Nous avons par ailleurs acquis une société qui avait développé un progiciel pour les collectivités locales, qui fait environ 2 millions d'euros de chiffre d'affaires.
 
Nous continuerons à mettre l'accent sur l'Europe centrale, l'Europe de l'Est et le Brésil qui constitue également une zone intéressante.
 
De quelle manière expliquez-vous le tassement de vos activités à l'international ?
Jusqu'à présent nos activités dans le reste du monde étaient grandement focalisées sur la revente de produits tiers.
 
Dans la mesure où nous sommes aujourd'hui capables de mettre sur le marché des produits cœur du groupe, nous avons depuis à peu près huit mois focalisé notre réseau de distribution pour vendre ces produits.
La tendance devrait de ce fait grandement évoluer.
 
Quelles sont vos perspectives pour la fin de l'année ?
Nous avions adopté une guidance relativement prudente de manière à prendre en compte l'environnement économique mondial incertain. Nous confirmons nos prévisions pour l'année, soit un chiffre d'affaires 2008 relativement stable par rapport à 2007.
 
Le fait que le premier semestre se soit extrêmement bien déroulé en particulier au niveau de notre profitabilité, qui est en hausse de 20 % par rapport à l'année dernière, nous positionne de manière favorable pour atteindre les résultats escomptés.
Bien entendu une dégradation de la conjoncture économique ne sera pas sans répercussion. C'est la raison pour laquelle nous demeurons vigilants.
 
Quel est votre sentiment sur l'évolution du marché des services informatiques?
Il est encore trop tôt pour s'exprimer sur la tendance. Je pense que le premier semestre va être relativement bon pour un certain nombre d'acteurs du secteur. Sachant que pour notre part nous sommes nettement au-dessus du lot (avec plus de 27 % de croissance globale au deuxième trimestre et 11 % au premier trimestre).
 
La prudence restera de rigueur s'agissant du second semestre en raison de la conjoncture économique. Nous devrions être moins impactés que les autres si un ralentissement plus marqué se fait jour dans la mesure où notre exposition à un secteur qui souffre actuellement, à savoir le secteur financier, est beaucoup plus faible.
Nous ne voyons pas de décalage dans la conclusion de contrats. Nous observons uniquement un certain durcissement dans les conditions de négociation des prix.
 
Comment percevez-vous l'évolution de votre cours de bourse ?
Depuis le début de l'année, en comparaison avec les moyennes capitalisations dans le secteur informatique, nous sommes dans la tendance du marché. Nous n'observons pas de défiance particulière vis-à-vis du groupe.
Qui plus est, l'histoire du groupe Bull est une histoire de transformation des offres, des compétences et du personnel. Dans une période où le marché est très difficile, l'aversion au risque est plus faible, les investisseurs sont relativement réfractaires à aller vers le renouveau.
 
Les fondamentaux de la société sont solides. Compte-tenu de notre trésorerie, la valeur de l'entreprise est sous-évaluée.
 
Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Nous avons fait le plus dur de la transformation du groupe. Nos offres nouvelles ont commencé à décoller et à compenser grandement l'érosion de nos offres anciennes.
Sur le plan des ressources humaines, qui est un paramètre essentiel de notre transformation, plus de 43 % de notre personnel est nouveau, illustrant ainsi notre repositionnement sur les nouveaux métiers, les nouvelles zones géographiques, et la nouvelle dynamique du groupe.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 07 Aout 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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