PARIS, 10 juillet (Reuters) - L'élite économique française s'efforce de composer avec un nouveau paysage politique qui lui est plus hostile, un mois après le revers aux élections législatives du camp présidentiel, privé de la majorité absolue à l'Assemblée nationale avec la poussée du Rassemblement national et de La France insoumise, fer de lance de la Nupes (union de la gauche).

Face à une Assemblée redessinée, Emmanuel Macron devra gouvernement différemment avec les forces d'opposition qui pourraient faire obstacle à sa politique favorable aux entreprises.

Parmi les grands chefs d'entreprise français réunis aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), un dirigeant de l'une des plus importantes entreprises industrielles du pays a déclaré avoir eu des contacts avec certains des nouveaux élus.

"Il faut que les députés comprennent mieux ce qu'est la réalité de l'activité économique et de l'entreprise. On a besoin de faire comprendre nos activités. Il y a plein de nouvelles personnes qui sont entrées à l'Assemblée, au près desquelles nous allons expliquer que nous ne sommes pas le diable absolu", a-t-il dit à Reuters.

Le souvenir des grandes manifestations du mouvement des "gilets jaunes" de l'automne 2018 reste gravé dans les esprits et le gouvernement veut absolument éviter d'ajouter une éventuelle crise politique à une crise du coût de la vie.

Par conséquent, le gouvernement est vulnérable aux pressions visant à soulager les ménages de l'inflation avec de nouvelles mesures coûteuses destinées à soutenir les revenus des Français, a indiqué Paul Hermelin, président du Conseil d'administration de Capgemini.

"Ne négligeons pas que les résultats des élections qu'on vient de vivre nous amènent à une situation confuse, à des électorats avec un leader de gauche très combatif," a-t-il dit.

"Il faut se dire que cela peut générer de la part du gouvernement le souci de calmer des grèves par des concessions salariales", a ajouté Paul Hermelin.

Le gouvernement a dévoilé la semaine dernière un ensemble de nouvelles mesures, à hauteur de 20 milliards d'euros, destinées à soutenir le pouvoir d'achat des Français face à la flambée de l'inflation, notamment en prolongeant le bouclier énergétique et en plafonnant le montant des loyers.

Alors que certaines entrepreneurs cherchent à nouer des liens avec les partis d'opposition, d'autres comptent sur un effritement de leur soutien populaire, voire sur un renoncement de leurs propositions les plus radicales face à l'urgence de la crise du coût de la vie.

"Je l'ai dit au Premier ministre, nous sommes dans une situation farfelue (...) Mais les Français vont se rendre compte de la futilité de ce qu'on leur dit", a déclaré à Reuters le président d'une entreprise industrielle française.

"Il y a des partis au Parlement qui ont des positions plus radicales que d'autres et il va falloir qu'ils apprennent à être responsables", a déclaré un autre président d'entreprise. (Reportage Leigh Thomas et Mathieu Rosemain; rédigé par Leigh Thomas, version française Laetitia Volga)

par Leigh Thomas et Mathieu Rosemain