PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue sans grand changement et les Bourses européennes reculent à mi-séance mardi alors que la hausse des rendements obligataires repart de plus belle sur fond de craintes de resserrement des politiques monétaires et de ralentissement économique.

Les contrats à terme signalent une ouverture à l'équilibre pour le Dow Jones, le Standard & Poor's-500 et le Nasdaq. À Paris, le CAC 40 perd 1,05% à 6.520,03 à 11h23 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,76% et à Londres, le FTSE de 0,34%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 1,15%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,01% et le Stoxx 600 de 1,19%.

Les craintes sur l'évolution de la conjoncture économique sont nourries par l'abaissement des prévisions de croissance mondiale de la Banque mondiale qui table désormais sur un produit intérieur brut à 3,2% contre 4,1% auparavant, du fait de la guerre en Ukraine.

Les investisseurs regarderont si le Fonds monétaire international en fait de même, ses nouvelles prévisions sont prévues à 13h00 GMT.

"Le marché estime que la révision de la Banque est probablement la première d'une longue série de dégradations des perspectives de croissance et de bénéfices d'entreprises pour le reste de l'année", a déclaré Michael Brown chez Caxton.

Une salve de résultats de sociétés est attendue cette semaine, qui permettra aux investisseurs d'évaluer l'impact du conflit en Ukraine et la forte inflation sur les comptes des entreprises.

En Europe, Kering, Nestlé ou encore SAP publieront leur chiffre d'affaires du premier trimestre et de l'autre côté de l'Atlantique sont attendus notamment les résultats de Netflix, Procter & Gamble et Tesla.

La croissance des bénéfices des entreprises du S&P-500 pour les trois premiers mois de 2022 est estimée à 6,3%, contre 32,1% au trimestre précédent, selon les données IBES de Refinitiv.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Le laboratoire américain Johnson & Johnson reculait légèrement en avant-Bourse après avoir suspendu sa prévision de ventes de vaccins contre le COVID-19, évoquant un excédent de l'offre mondiale et une demande incertaine.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, L'Oréal, le géant mondial des cosmétiques, (-3,75%), subit des dégagements en amont de la publication de son chiffre d'affaires trimestriel ce mardi après la clôture.

Le réassureur Scor cède 6,99% après avoir prévenu que ses résultats du premier trimestre seraient impactés par l'invasion russe en Ukraine.

Elior perd 2,56% après la baisse de recommandation de Deutsche Bank à "conserver" tandis que Carrefour (+2,13%) profite du passage à l'achat de Berenberg.

Virbac grimpe de 8,63%, le spécialiste de la santé animale ayant publié un chiffre d'affaires trimestriel meilleur que prévu et relevé son objectif de croissance de chiffre d'affaires annuel.

TAUX

Les rendements des obligations d'Etat en zone euro sont en nette hausse après que la Banque centrale européenne s'est abstenue jeudi de fournir de nouvelle indication précise sur le calendrier de resserrement de la politique monétaire.

"La BCE a, comme prévu, gardé ses options ouvertes mais l'absence de réaction face aux niveaux actuels des rendements allemands entérine implicitement les anticipations très agressives du marché en matière de hausse des taux", a déclaré Erjon Satko, stratégiste chez Bank of America.

Le rendement du Bund à dix ans bondit de neuf points de base à 0,93%, au plus haut depuis juillet 2015, et son équivalent français a inscrit son plus haut niveau septembre 2014, à 1,414%.

Après une accalmie dans la matinée, la hausse des rendements américains reprend: le dix ans américain s'affiche à 2,8954% après un pic depuis décembre 2018 à 2,909% et le 30 ans a atteint 3% pour la première fois en trois ans.

Quand la BCE se montre prudente dans sa communication, certains membres de la Réserve fédérale n'hésitent pas à plaider pour un durcissement ferme de la politique monétaire de l'institution américaine.

Le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, connu pour ses positions restrictives, a réaffirmé lundi souhaiter un relèvement des taux d'intérêt à 3,5% d'ici la fin de l'année face au niveau de l'inflation, ce qui nécessiterait des hausses de taux de 50 points de base lors des six réunions restantes cette année.

CHANGES Le dollar a atteint mardi son plus haut niveau depuis 20 ans face au yen et a frôlé un pic de deux ans face à l'euro, soutenu par les rendements élevés des bons du Trésor américain et la divergence de politiques entre les banques centrales.

Le billet vert grappille 0,14% face à un panier de devises étrangères, à 100,918 après avoir dépassé 101 pour la première fois en plus de deux ans.

PÉTROLE

Les prix du pétrole sont en baisse alors que la Libye a dû interrompre une partie de sa production sur fond de mouvements sociaux et troubles politiques.

Le Brent perd 1,18% à 111,82 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,47% à 106,62 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Sophie Louet)

par Laetitia Volga