Paris (awp/afp) - Alors que l'hypothèse d'un rapprochement avec Auchan continue d'agiter les spécialistes du secteur de la grande distribution, Carrefour a affiché sa sérénité mercredi avec des résultats solides pour l'année 2021, et une série de mesures pour soutenir son cours de Bourse.

Tout le monde en parle, sauf les principaux concernés: l'hypothèse d'un rachat de Carrefour par la famille Mulliez, propriétaire de Auchan, anime encore toutes les conversations depuis le début d'année chez les connaisseurs du secteur.

Mardi, c'était le directeur de la publication du média spécialisé de la grande distribution LSA, Yves Puget, qui prenait la plume pour faire le point dans un éditorial sur "la plausibilité de cette rumeur", en indiquant bien qu'il n'y avait pour le moment "rien de concret encore".

Côté Carrefour toutefois, on s'en tient au "pas de commentaire" en vigueur depuis octobre, date à laquelle de premières discussions ont achoppé. Depuis, selon plusieurs sources, aucun contact entre les deux groupes, ni entre leurs actionnaires de références respectifs, les Mulliez pour Auchan, la famille Moulin (Galerie Lafayette) et le milliardaire brésilien Abilio Diniz pour Carrefour.

A contrario, le groupe entend s'appuyer sur ses résultats de l'année 2021 pour montrer qu'il n'a "absolument pas besoin d'une consolidation pour assurer son développement", comme l'affirmait son PDG Alexandre Bompard dans une interview aux Echos en novembre.

Bénéfice en forte hausse

Carrefour a ainsi annoncé mercredi avoir dégagé un bénéfice net en forte hausse de 67% à 1,07 milliard d'euros en 2021 grâce notamment à des économies de coûts et à de solides ventes. Un résultat proche des attentes des analystes sondés par Factset, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 1,04 milliard.

Le groupe insiste pour sa part sur son résultat opérationnel courant (ROC), indicateur de référence dans la grande distribution, en progression de plus de 4,5% à 2,27 milliards d'euros. Hors effets de change, il progresse même de 7,7% par rapport à 2020.

Carrefour indique notamment avoir mené à bien, avec un an d'avance, un programme de cession d'actifs immobiliers "non stratégiques" pour 330 millions d'euros à fin 2021, et a réalisé 930 millions d'euros d'économies de coûts en 2021. Il a relevé son objectif en la matière à 2,7 milliards d'euros d'économies de coûts sur 2021-23, contre 2,4 initialement.

En outre il a enregistré une progression de ses ventes de 2,3% à 81,245 milliards d'euros à nombre de magasins comparables en 2021, "sur une base de comparaison record": en 2020, la fermeture des espaces de restauration hors domicile (bars, restaurants, cantines, restauration d'entreprise...) avait mécaniquement profité aux magasins où les consommateurs se sont davantage approvisionnés pour préparer leurs repas.

750 millions d'euros de rachat d'actions

Fort de ces résultats, le conseil d'administration du groupe a décidé d'un nouveau programme de rachat d'actions pour au maximum 750 millions d'euros, en vue de leur annulation et à échéance fin 2022, sous réserve des conditions de marché. En 2020, Carrefour avait racheté pour 700 millions d'euros de ses actions.

En outre le groupe va proposer, lors de son assemblée générale programmée le 3 juin, un dividende de 0,52 euro par action, contre 0,48 en 2020.

Autant d'initiatives susceptibles de soutenir un cours de Bourse (17,18 euros mercredi soir) qui s'est déjà apprécié de plus de 4,5% depuis début janvier, date à laquelle l'agence Bloomberg a relancé la "rumeur" Auchan en faisant état de démarches, non confirmées officiellement, de la part des Mulliez pour préparer une nouvelle offre de rachat de Carrefour.

Cette initiative, qui a déjà provoqué une levée de boucliers des syndicats FGTA-FO des deux groupes qui ont averti fin janvier qu'ils "n'accepteront pas que les droits des salariés soient bradés au profit des seuls intérêts des promoteurs de ce projet", a dans tous les cas très peu de chance d'aboutir avant l'élection présidentielle française.

afp/rp