L'action Carrefour est malmenée en bourse durant la séance, à contrecourant du reste de la cote. La faute à des commentaires du PDG Alexandre Bompard sur la consommation en France. En parallèle, dans un article paru ce matin, Le Monde relaie une enquête du média d’investigation Reporter Brasil, qui accuse l'un des fournisseurs de viande bovine du distributeur de contribuer à la déforestation.

Un PDG ultra-prudent sur la consommation

Le PDG Alexandre Bompard a alerté sur une baisse de la consommation en France, notamment sur les produits de première nécessité en raison des prix élevés. "C'est un tsunami de déconsommation. Quand l'essentiel n'est plus accessible, il faut agir vite", a déclaré sur Franceinfo le patron du géant français de la distribution, évoquant une inflation alimentaire à 20% sur deux ans. 

Alexandre Bompard a également souhaité un moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozailles qui conduit à limiter les promotions notamment sur les produits de beauté, d'hygiène et de soins. Le PDG de Carrefour et d'autres dirigeants des chaînes de supermarchés doivent rencontrer mercredi le ministre des Finances, Bruno Le Maire, pour discuter du coût élevé de la vie.

Un sous-fournisseur de triste réputation

Dans un autre registre, Reporter Brasil rapporte que Bruno Heller, un éleveur de bétail qualifié de "plus grand dévastateur de l'Amazonie", a transporté du bétail d'une ferme familiale condamnée pour des infractions environnementales vers deux autres fermes plus discrètes, qui ont vendu des animaux à une entreprise de transformation de viande fournissant Carrefour, Frialto. Cette pratique, connue sous le nom de "blanchiment de bétail", est couramment utilisée pour contourner les mécanismes de contrôle dans le pays.

Frialto a confirmé avoir abattu 249 bovins en provenance des fermes concernées, qui étaient mises au nom de la fille de Bruno Heller, Tatiana Heller. L'entreprise a précisé avoir bloqué les propriétés après avoir identifié "un lien possible avec les non-conformités de Bruno Heller". Carrefour, de son côté, a expliqué dans un communiqué avoir "examiné en profondeur la vaste base de données des fermes qui fournissent de la viande à tous les abattoirs qui approvisionnent le Groupe et a confirmé l'absence de toute propriété liée à l'accusé mentionné ou à des individus portant le même nom de famille". Cependant, malgré les déclarations de Carrefour, la viande provenant des animaux élevés par les Heller a été abattue dans l'unité d'approvisionnement du détaillant, selon la publication brésilienne.

Ce n'est pas la première fois que le groupe français est mis en cause. On retrouve des précédents en 2021, mais aussi plus récemment. Le distributeur dédie d'ailleurs une page de son site internet à expliquer sa politique au Brésil