Lausanne (awp/ats) - Philippe Nordmann, ancien président du groupe Maus Frères, propriétaire notamment de Manor, est décédé le 8 décembre dernier dans sa 89e année. Le richissime Genevois consacrait son temps aux plus démunis. Il a aussi soutenu la scène artistique.

Le décès de Philippe Nordmann a été annoncé lundi dans la presse par ses proches. Contactée par Keystone-ATS, sa femme n'a pas souhaité apporter de déclarations.

Représentant de la troisième génération de Maus Frères, groupe né de l'alliance des familles Maus et Nordmann en 1902, Philippe Nordmann a présidé le conseil d'administration de la holding jusqu'en 2003. En 1988, il a expliqué dans une interview au Nouvelliste considérer ses magasins comme un "théâtre": "J'estime qu'aujourd'hui tout le monde vend la même chose. Il faut humaniser les magasins. Je crois que c'est ce qui nous différencie des autres."

En 2021, les deux familles apparaissaient au 48e rang du classement des plus riches de Suisse établi par Bilan, avec une fortune estimée entre 3 et 4 milliards de francs suisses. Outre les grands magasins Manor (contraction de Maus et Nordmann), Maus Frères détient les marques de vêtements Lacoste, Gant, Aigle, The Kooples et Tecnifibre.

Mécène et humanitaire

A sa retraite, terme qu'il "abhorrait" comme il l'a dit à L'Illustré en 2007, Philippe Nordmann s'est consacré à ses activités humanitaires et de mécénat. Il se rendait, par exemple, régulièrement à la prison genevoise de Champ-Dollon pour rendre visite aux détenus et s'est impliqué dans l'association Carrefour Prison, qui soutenait les prisonniers à leur sortie.

Il faisait aussi la lecture à des personnes handicapées ou isolées, à travers l'association Lecture et compagnie. Il a également présidé les fondations Sidaide, active dans la lutte contre le sida et Philias, engagée dans la responsabilité sociale des entreprises.

Amateur d'art

Amateur d'art, Philippe Nordmann a participé à la fondation du Musée d'art moderne et contemporain de Genève (Mamco). En 1982, il a créé le Prix culturel Manor, l'une des principales initiatives d'encouragement destinées à des créations d'art contemporain en Suisse.

Dans son interview au Nouvelliste, ce "juif non pratiquant", comme il se désignait lui-même, avait confié que sa principale peur était la mort: "Oui, j'ai peur de la mort. J'ai peur de ne plus pouvoir jouir de toutes les belles choses que la nature et la vie m'ont apportées. Et, comme personne n'a pu dire que de l'autre côté c'est aussi bien ou mieux, je ne sais pas ce que j'aurai après".

ats/ol