PARIS (awp/afp) - Crise en Ukraine, convois antipass vaccinal et pour le pouvoir d'achat au parfum de "gilets jaunes": autant de sujets qui préoccupent le quasi-candidat Emmanuel Macron étrillé par ses concurrents sur le terrain partout en France samedi.

Décidément, son emploi du temps de président continue de l'empêcher, pour l'heure, de se déclarer candidat à sa réélection, a expliqué en substance vendredi à Ouest-France le chef de l'Etat, qui s'entretient samedi midi avec Vladimir Poutine alors que Washington parle d'invasion imminente de l'Ukraine par les troupes russes.

"Nous avons pour quelques jours encore un pic épidémique, une situation internationale éminemment à risques" en raison du risque de guerre en Ukraine brandi par Washington, a-t-il souligné.

Autre terrain d'inquiétude pour le chef de l'Etat, l'arrivée samedi à Paris de plusieurs milliers de protestataires dans ce qu'ils ont nommé les "convois de la liberté", afin de protester contre le pass vaccinal et la hausse des prix - malgré l'interdiction par la préfecture de police.

Signe de préoccupation au sein de l'exécutif, Emmanuel Macron a appelé "au plus grand calme" vendredi, tout en disant "entendre" la colère qui s'exprime. Plusieurs convois ont été interceptés par les forces de l'ordre déployées en nombre, samedi matin, tandis que d'autres ont pu entrer dans la capitale.

Il "commence sa campagne avec des blindés", a cinglé la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen depuis un marché de Toulon. "Ca ressemble en fait à son mandat, un mandat de chaos, de désordre et de conflit, un mandat de division des Français", a-t-elle ajouté.

Son concurrent à l'extrême droite Eric Zemmour a rencontré samedi des sylviculteurs en côte d'Or pour défendre la filière bois avant une réunion publique prévue à Saulieu.

A gauche, le lieutenant de Jean-Luc Mélenchon Adrien Quatennens a estimé, dans La Dépêche, que l'exécutif avait fait "une erreur de diagnostic de croire que les +gilets jaunes+ étaient rentrés à la maison". Pour le député du Nord, "l'essentiel des participants (aux convois) n'est pas contre le vaccin mais contre les mesures liberticides et pour l'augmentation du pouvoir d'achat".

L'animaliste et la trotskyste

Même dans la majorité, le député Modem du Loiret Richard Ramos a averti sur BFMTV: "Il faut toujours faire attention quand les gens ont des choses à dire. Comme avec les +gilets jaunes+ on va avoir une multitude de gens avec une multitude de choses à dire".

Plus offensif, le patron du Modem François Bayrou a estimé sur France Inter "qu'il s'agit d'un mouvement +de sécession+ d'une partie du pays, qui ne comprend pas, ne se retrouve pas et a un désir de révolte".

Chez LR, Geoffroy Didier, le chef de la communication de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse, a clairement critiqué ces "+convois de la liberté+ qui ne devraient pas s'appeler ainsi car leur objectif est de bloquer Paris".

"Ceux qui sont en colère doivent exercer leur droit de vote", a-t-il plutôt demandé, alors que la campagne présidentielle peine à intéresser les Français, selon des sondages. Sa championne Valérie Pécresse tentera d'ailleurs de relancer sa campagne dimanche après-midi lors de son premier grand meeting au Zénith de Paris où sont attendus plusieurs milliers de personnes.

L'objectif sera de clore une séquence difficile dans une semaine où plusieurs anciens sarkozystes, dont le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale Eric Woerth et la maire de Calais Natacha Bouchart, ont apporté leur soutien à Emmanuel Macron.

Au même moment, Jean-Luc Mélenchon, en tête d'une gauche éparpillée en cinq candidatures principales, tentera de réunir 6.000 soutiens à Montpellier. Il y rencontrera dès ce samedi des salariés de Carrefour, fort du "plan emploi" publié dans l'après-midi, qui préconise la création d'un million d'emplois publics et l'augmentation des salaires pour doper la demande.

Dès samedi, outre Eric Zemmour à Saulieu, l'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira est à Créteil, l'animaliste Hélène Thouy à Orléans. Et la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud, attendue à la Mutualité de Paris, s'est "réjouie" des "convois de la liberté" et va plaider pour que "la contestation sociale rentre dans les entreprises".

De son côté la candidate PS Anne Hidalgo, que les sondages donnent majoritairement en dessous de 3%, est en Guadeloupe, où elle a apporté vendredi son soutien à la direction et aux soignants du CHU de Pointe-à-Pitre - toujours aux prises avec l'arrivée de nombreux malades du Covid.

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