GORKI, Russie, 31 août (Reuters) - Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a annoncé lundi le départ d'Evgueni Dod, le PDG de RusHydro, le premier groupe d'énergie hydroélectrique du pays, deux semaines seulement après la démission inattendue du patron de la compagnie publique de transport ferroviaire RZhD.

La dégradation de la situation économique en Russie, conséquence de la baisse des cours du pétrole et des sanctions économiques occidentales, contraint Moscou à réduire la dépense publique et à tenter d'améliorer la gestion des entreprises publiques, souvent accusées d'être inefficaces et corrompues.

"Le PDG de RusHydro, Evgueni (...) Dod, part à sa demande", a déclaré Dmitri Medvedev lors d'une réunion ministérielle, avant de proposer la nomination de Nikolaï Choulguinov, un connaisseur du secteur de l'électricité, pour le remplacer.

RusHydro, qui gère la majeure partie des centrales hydroélectriques russes, a vu ses bénéfices baisser au premier semestre et ses activités dans l'extrême-orient russe sont déficitaires et lourdement endettées.

Evgueni Dod dirigeait le groupe depuis 2009 et son mandat avait été renouvelé l'an dernier. La rumeur de son départ circulait depuis la semaine dernière après la démission de Vladimir Iakounine, un proche du président Vladimir Poutine qui dirigeait depuis 10 ans la compagnie publique de transport ferroviaire et qui doit devenir sénateur.

Le Kremlin s'était refusé à tout commentaire sur Dod avant les déclarations du Premier ministre.

Un porte-parole de RusHydro s'est refusé à toute déclaration lundi.

Deux sources dans des entreprises publiques ont déclaré s'attendre à une poursuite du remaniement entamé à la tête des entreprises contrôlées par l'Etat.

Des observateurs notent aussi que le fait que Dmitri Medvedev - et non Valdimir Poutine - ait annoncé le départ de Dod est significatif.

"Cela montre que le Kremlin est conscient de la crise et que Poutine ne veut pas en assumer la responsabilité; il laisse croire que c'est Medvedev qui gère la situation", a dit Lilia Chevtsova, de la Brookings Institution.

"La dégradation de la situation économique va provoquer d'autres limogeages. C'est un signal envoyé aux élites pour leur dire que la situation est mauvaise et qu'ils ne peuvent plus s'amuser comme avant avec l'argent public."

Plusieurs élections régionales doivent avoir lieu en Russie en octobre, des législatives sont prévues l'an prochain et la présidentielle en 2018.

(Darya Korsunskaya and Anastasia Lyrchikova, avec Gabriela Baczynska; Marc Angrand pour le service français)