Zurich (awp) - Le laboratoire biotechnologique Idorsia- en délicatesse avec ses finances - détaille mardi l'ampleur de sa restructuration annoncée fin juillet. La réduction de moitié des coûts fixe de son site d'Allschwil passera d'ici début 2024 par la suppression de 475 positions, dont jusqu'à 300 licenciements, essentiellement dans des fonctions de recherche et d'administration.

La société qui dénombrait au moment de l'annonce quelque 1300 collaborateurs compte en outre sur le non remplacement de départs volontaires, ainsi que sur la suppression de positions vacantes pour parvenir à son objectif de réduction. La plupart des employés concernés ont déjà été avertis et une charge de restructuration de 11 millions a été inscrite dans les comptes, indique Idorsia au détour de son point de situation au troisième trimestre.

La période aura été marquée par la finalisation de la cession des activités en Asie-Pacifique (Apac) à l'exception de la Chine au concurrent japono-britannique Sosei Heptares, pour un produit final de 363 millions de francs suisses. L'opération a permis de redresser la trésorerie, qui recelait fin septembre 255 millions contre 33 millions à peine trois mois plus tôt.

Sursis éphémère

Ces réserves ne suffiront toutefois à couvrir les dépenses que jusqu'au premier trimestre de l'an prochain, de l'aveu du directeur financier (CFO) André Muller. "L'extension de nos liquidités constitue la priorité immédiate et nous étudions activement toutes les options, y compris d'éventuelles cessions de licences", indique le trésorier, cité dans la publication.

S'il n'aura plus à financer ses activités orientales, Idorsia va par contre devoir à nouveau alimenter le développement de l'aprocitentan, contre l'hypertension, après en avoir racheté les droits à son partenaire Janssen, pour 306 millions.

Sur le front des résultats à proprement parler, la société pilotée par Jean-Paul et Martine Clozel affiche sur les neuf premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 131 millions de francs suisses, contre 43 millions un an plus tôt. La perte nette a été réduite à 181 millions, contre 635 millions.

Nouvelle réalité

Ramenées au nouveau périmètre réduit d'activités poursuivies, les recettes ont bondi de 18 à 29 millions de francs suisses, dont 20 millions provenant de la vente du somnifère Qviviq, unique produit encore commercialisé par Idorsia. La perte opérationnelle a été rabotée d'une septantaine de millions à 509 millions.

La feuille de route à brève échéance aussi a été adaptée à la nouvelle réalité de l'entreprise. La perte opérationnelle annuelle est désormais attendue autour de 670 millions de francs suisses, contre 735 millions précédemment. Hors éléments exceptionnels, le déficit d'exploitation avoisinera les 600 millions de francs suisses, au lieu des 650 millions précédemment articulés, indique la firme rhénane mardi à l'occasion de son point de situation trimestriel.

Le groupe ne s'aventure pour l'heure pas à reformuler un agenda pour le franchissement du seuil de rentabilité, après avoir repoussé en juillet la date de 2025 aux calendes grecques.

Chez Vontobel, Stefan Schneider retient de la publication que la direction espère collecter de nouvelles liquidités avant la fin de l'année. L'analyste rappelle avoir suspendu sa couverture de l'action mi-septembre, dans l'attente d'une amélioration de la prévisibilité de la marche des affaires.

A 13h26, la nominative Idorsia décrochait de 10% à 1,67 franc, sur le banc du fond d'un SPI en retrait marginal de 0,07%.

jh/al/vj