Paul J. Davies,

The Wall Street Journal

Tout semble aller pour le mieux au Royaume-Uni. La confiance des ménages est toujours au beau fixe, l'économie se porte mieux que prévu depuis le référendum du 23 juin en faveur du Brexit et les ventes de détail ont fini l'année sur une note robuste. Seul point noir, la croissance du pays est de plus en plus alimentée par la consommation, qui repose elle-même de plus en plus sur l'endettement.

Des banques comme Lloyds Banking Group (>> Lloyds Banking Group PLC), Virgin Money (>> Virgin Money Holdings (UK) PLC) et Royal Bank of Scotland (>> Royal Bank of Scotland Group plc) ne sont que trop heureuses de financer tout cela. Il est toutefois évident qu'une fois que les consommateurs auront atteint la limite de ce qu'ils peuvent emprunter, les conditions économiques rendant l'octroi de ces crédits judicieux risquent de se dissiper rapidement.

Il s'agit d'un point important pour les bénéfices des banques, car il arrive bien plus souvent aux ménages de faire défaut sur leurs prêts à la consommation que sur leurs crédits immobiliers. Comme le notent les analystes de Berenberg, les crédits à la consommation comptent historiquement pour plus de 90% des créances douteuses des ménages, alors que ce type de crédit ne représente que moins de 10% des prêts contractés par ces mêmes ménages.

Le crédit à la consommation au plus haut

Les crédits à la consommation ont augmenté de près de 11% entre janvier et novembre 2016, selon la Banque d'Angleterre (>> BlackRock Global Opportunities Equity Tr). Mark Carney, le gouverneur de la banque centrale, a souligné qu'il s'agissait de la hausse la plus marquée depuis 2005.

Les prêts personnels non garantis ont atteint un record historique de 270 milliards de livres sterling (environ 313 milliards d'euros), a indiqué PwC vendredi. Le cabinet d'audit et de conseil s'attend à ce que le ratio dette sur revenu des ménages dépasse son point haut d'avant-crise, soit 169%, d'ici à 2020.

Les économistes d'UBS estiment que la croissance des salaires réels devrait devenir négative au cours des prochains mois et le rester au-delà de la fin de l'année 2018, sous l'effet d'un ralentissement de la croissance des salaires nominaux et de l'inflation. Cela risque de créer un cercle vicieux, où la baisse des dépenses pèsera sur l'économie, ce qui se traduira par un nouvel affaiblissement de la livre, principale cause de l'inflation et de la baisse des salaires réels.

Pour les banques, cela signifie de nouvelles créances douteuses. Le taux de défaut s'inscrit déjà en hausse cette année par rapport à son faible niveau récent.

Les investisseurs du secteur bancaire devraient se méfier. Dans le meilleur des cas, les revenus issus de l'octroi de nouveaux prêts ralentiront. Dans le pire des cas, ils finiront par payer la facture.

-Paul J. Davies, The Wall Street Journal

(Version française Maylis Jouaret) ed: VLV