(Répétition avec actualisation sur le "shutdown" d'une dépêche diffusée vendredi)

* Les marchés actions en plein forme depuis le début d'année

* Valorisations et espoirs sur le commerce expliquent le rebond

* Pourtant, la dégradation des indicateurs se poursuit

* Les prochains résultats devraient nourrir ou non le rebond

* Des avancées espérées aussi sur le commerce et le Brexit

par Blandine Henault

PARIS, 28 janvier (Reuters) - Les faibles valorisations des marchés d'actions après la correction de la fin 2018 et les espoirs sur le commerce ont provoqué un rebond des Bourses mondiales mais beaucoup d'éléments manquent encore pour espérer une hausse durable des indices boursiers.

En dépit des signes multiples d'un ralentissement prononcé de l'économie mondiale, les marchés d'actions ont nettement progressé ces dernières semaines. L'indice européen Stoxx 600 a ainsi signé une quatrième semaine de hausse d'affilée, une première depuis juillet dernier.

Depuis le début de l'année, l'indice paneuropéen affiche un gain de 6% tandis que le S&P 500 et l'indice mondial MSCI ACWI progressent de plus de 6%.

Et ce alors même que la Chine a fait état d'une croissance au plus bas depuis près de trente ans en 2018 et que le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour 2019.

"Les investisseurs semblent porter plus d'attention aux résultats des entreprises et à d'éventuels achats à bon compte qu'à la dégradation de la macroéconomie", observe Nicolas Chéron, responsable de la recherche marches pour Binck.fr.

Les premières publications d'entreprises ont été bien accueillies, ce qui a permis de redonner du souffle aux secteurs qui avaient le plus souffert l'an dernier comme la technologie et la distribution, renchérit Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud Asset Management.

Toutefois, un essoufflement du rebond des indices boursiers a été perceptible sur la semaine écoulée, au cours de laquelle le Stoxx 600 n'a pris que 0,22% contre des gains autour de 2% les semaines précédentes.

"Une partie du rebond a été faite et l'on va voir si de nouveaux éléments nous permettent d'aller plus haut", indique Marco Bruzzo.

RÉSULTATS, BREXIT, COMMERCE ...

Les publications de résultats d'entreprises, amenées à se multiplier dans les prochains jours, seront décisives. Les investisseurs seront notamment attentifs aux annonces, mardi soir, du géant du luxe LVMH puis à celles d'Apple après son avertissement retentissant sur ses ventes au début du mois.

"La fin du 'shutdown', des avancées concrètes sur la guerre commerciale opposant la Chine et les Etats-Unis ou le Brexit sont aussi nécessaires pour une poursuite du rebond, mais ça fait beaucoup d'éléments", note Marco Bruzzo.

Au Royaume-Uni, la Chambre des Communes se prononcera mardi sur plusieurs amendements destinés à éviter une sortie sans accord du pays de l'Union européenne. Parmi les pistes envisagées figure ainsi un report de neuf mois de la date du 29 mars prévue pour le Brexit.

L'activisme des parlementaires britanniques pour éviter le scénario du "no deal" a en tout cas déjà convaincu les cambistes, qui ont porté la livre sterling au-delà du seuil psychologique de 1,30 dollar.

Sur le front du dossier commercial, le vice-Premier ministre chinois Liu He se rendra aux Etats-Unis mercredi et jeudi pour un nouveau cycle de négociations commerciales avec les responsables de l'administration Trump.

Les déclarations plutôt optimismes en début d'année de Washington ont alimenté les espoirs des investisseurs, mais le ton s'est depuis quelque peu assombri. Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a estimé jeudi que les Etats-Unis et la Chine étaient encore loin d'un accord.

Si les incertitudes restent entières sur le Brexit et la guerre commerciale, l'inquiétude entourant la fermeture des administrations fédérales aux Etats-Unis a été levée, du moins de façon temporaire.

LA BCE PLUS PESSIMISTE, LA FED ATTENDUE

Donald Trump a promulgué vendredi soir une loi garantissant le financement de l'administration fédérale pendant les trois prochaines semaines, soit jusqu'au 15 février, mettant temporairement fin au "shutdown" qui paralysait certains services depuis plus d'un mois.

Une fermeture prolongée qui ne devrait pas être sans conséquence pour l'économie américaine: les économistes de Bank of America Merrill Lynch estimaient vendredi à 0,2% l'impact négatif du "shutdown" sur le produit intérieur brut (PIB) américain au premier trimestre.

"Le 'shutdown' va impacter assez négativement l'économie américaine au premier trimestre", souligne Christophe Barraud, économiste et stratège chez Market Securities.

"Sachant que les conditions climatiques vont aussi peser au premier trimestre, la période s'annonce compliquée", ajoute-t-il.

Le flou sur la croissance américaine en ce début d'année a été alimenté par le report de nombreux indicateurs; la levée du "shutdown" devrait permettre d'y voir plus clair, notamment avec la première estimation du PIB des Etats-Unis pour le quatrième trimestre, attendue mercredi.

Pas de quoi faciliter la tâche de la Réserve fédérale alors qu'elle doit rendre mercredi soir sa décision de politique monétaire. La banque centrale américaine a déjà pris acte des difficultés actuelles et adapté son discours en conséquence mais elle prévoit toujours deux hausses de taux cette année, quand le marché n'en intègre qu'une seule, voire aucune.

"Une phase de pause est garantie", estime Christophe Barraud, qui ne prévoit qu'une seule hausse de taux cette année, en septembre ou décembre.

La Banque centrale européenne (BCE) a aussi modifié sa posture en estimant désormais que les risques sur la croissance en zone euro étaient orientés à la baisse. Une décision qui n'a guère surpris étant donné la faiblesse des récents indicateurs dans la région, à commencer par les indices PMI et l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne.

La première estimation de la croissance du PIB de la zone euro au quatrième trimestre qui sera publiée jeudi devrait confirmer le très net ralentissement accusé en fin d'année. Les économistes tablent sur une progression de 1,2% du PIB en rythme annuel et de seulement 0,2% par rapport au trimestre précédent.

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(Édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : LVMH Moët Hennessy Vuitton SE, Apple