ANKARA, 15 mai (Reuters) - La police turque a bouclé dimanche un hôtel d'Ankara, empêchant les dissidents d'un parti nationaliste d'opposition d'y tenir un congrès susceptible de créer un obstacle à la réforme constitutionnelle voulue par le président Recep Tayyip Erdogan.

Plusieurs centaines de membres du Parti d'action nationaliste (MHP) souhaitent démettre de ses fonctions Devlet Bahceli, chef de file du mouvement depuis une vingtaine d'années, mais ils doivent pour cela modifier les statuts du parti lors d'un congrès exceptionnel.

L'AKP, le parti islamo-conservateur dont est issu Erdogan, a besoin du soutien du MHP pour modifier la Constitution afin de renforcer les pouvoirs du président. Les partisans de Bahceli semblent favorables à cette réforme mais les dissidents du MHP, emmenés entre autres par l'ex-ministre de l'Intérieur Meral Aksener, ont déclaré vouloir s'y opposer.

Les dissidents ont publié dimanche un communiqué accusant l'AKP de vouloir empêcher la tenue du congrès du MHP.

"Le pouvoir exécutif a organisé un coup contre le pouvoir judiciaire. La Constitution et la loi sont suspendues. Le changement au MHP est devenu le cauchemar du gouvernement AKP", ont-ils déclaré dans leur communiqué.

Environ 5.000 personnes se sont rassemblées devant les barrages de police installés près de l'hôtel où devait se tenir le congrès du MHP. "Bahceli doit démissionner", scandait la foule.

"Si le MHP se renforce, il va devenir une alternative à l'AKP", a dit Ibrahim Dizdar, ex-gouverneur de la province de Giresun, suspendu par Bahceli. "Le gouvernement essaie de nous bloquer parce qu'il constate notre enthousiasme ici aujourd'hui."

Le MHP a obtenu environ 12% des suffrages lors des élections législatives de novembre dernier et détient 40 sièges au Parlement, autant de voix dont l'AKP a besoin pour faire voter la convocation d'un référendum sur une réforme constitutionnelle renforçant le caractère présidentiel du régime.

Les responsables de l'AKP réfutent tout lien entre le conflit interne au MHP et les efforts de leur propre mouvement pour obtenir le soutien de celui-ci à la réforme.

(Gulsen Solaker et Mert Ozkan; Marc Angrand pour le service français)