(Complété tout au long avec précisions, contexte)

par Ed Cropley

MARIKANA, Afrique du Sud, 10 septembre (Reuters) - Les mineurs sud-africains en grève sur le site d'extraction de platine de Marikana, théâtre de violents affrontements le mois dernier, ont manifesté lundi pour réclamer une hausse de leurs salaires tandis que 15.000 de leurs collègues employés par une société d'extraction d'or ont cessé à leur tour le travail.

Les mineurs de Lonmin , un des principaux acteurs du marché mondial de platine, avaient jusqu'à lundi pour reprendre le travail à Marikana, à 100 km au nord-ouest de Johannesburg.

Mais lundi matin, 4.000 grévistes équipés de bâtons, de lances ou de machettes ont continué d'occuper le terrain, à une cinquantaine de mètres à peine d'unités des forces de police anti-émeute lourdement armées et appuyées par des véhicules blindés.

Les troubles à la mine de Marikana ont culminé à la mi-août, lors de violents affrontements avec les forces de l'ordre au cours desquels 44 personnes ont été tuées, dont 34 mineurs le 16 août, la plupart victimes de la police.

La police a dit avoir ouvert le feu en état de légitime défense, mais un témoignage selon lequel des mineurs ont été abattus d'une balle dans le dos alors qu'ils fuyaient ou tentaient de se rendre est venu contredire la version des autorités.

La tuerie a aussi ravivé le souvenir d'incidents semblables du temps de l'apartheid, le régime de ségrégation raciale qui a disparu en 1994, et fragilise le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui affirme pouvoir tout à la fois défendre les intérêts des travailleurs et soutenir la croissance économique.

"Les blancs tremblent, la police tremble", ont scandé les manifestants lundi matin.

D'après la direction de Lonmin, seuls 6,3% des effectifs ont repris le travail lundi. Vendredi, ils étaient 2%.

"DE L'INTIMIDATION"

Un nouveau front dans le mouvement social minier s'est ouvert lundi dans une mine d'or exploitée par la compagnie Gold Fields. Quinze mille mineurs ont entamé une grève sauvage à KDC Ouest, une des sections d'un site aurifère exploité par le groupe à l'ouest de Johannesburg, a annoncé lundi le quatrième producteur mondial d'or.

La semaine dernière, la direction de Gold Fields avait trouvé un accord pour mettre fin à une précédente grève sauvage impliquant 12.000 employés d'une autre section du site KDC, qui s'étend entre 60 et 80 km à l'ouest de Johannesburg.

La société a précisé ne pas connaître l'origine exacte de la grève de lundi, alors que le secteur minier est agité par le conflit entre le Syndicat national des mineurs (NUM), proche du gouvernement, et l'Association des mineurs et des salariés du bâtiment (AMCU), en pointe de la contestation à Marikana.

"Aucune revendication n'a été portée à notre connaissance, mais la structure est la même que dans l'unité KDC Est. C'est de l'intimidation. Les grévistes sont allés hier (dimanche) de foyer en foyer pour empêcher les autres d'aller au travail", a dit Sven Lunsche, porte-parole de la compagnie.

L'ampleur des disparités sociales en Afrique du Sud explique en partie le mouvement de colère dans le secteur minier, où nombre de salariés reprochent à leur syndicat majoritaire, le NUM, d'être trop lié à l'ANC. (avec Sherilee Lakmidas à Johannesburg; Julien Dury et Henri-Pierre André pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Gold Fields, Minoan Group plc, Lonmin Plc