Genève (awp) - Le géant alimentaire Nestlé a souffert l'année dernière d'une demande souffreteuse qui a pesé sur ses volumes, la reprise constatée au quatrième trimestre n'ayant pas permis de renverser la vapeur. Malgré un bénéfice net en forte hausse et un dividende relevé, la performance de la multinationale a déçu.

L'évolution des volumes a continué à reculer en 2023, en témoigne une croissance réelle interne (RIG) de -0,3%, selon les indications fournies jeudi par le groupe veveysan. Seule lueur d'espoir: cet indicateur très scruté a progressé de 0,4% entre octobre et décembre, après cinq trimestres consécutifs de repli.

Le tableau d'ensemble reste peu favorable. Les recettes annuelles accusent ainsi un repli de 1,5% à 93,00 milliards de francs suisses, plombées par la force de la devise helvétique. Les taux de change ont réduit les recettes de 7,8%, tandis que l'inflation a permis pratiquement de compenser cet impact.

En téléconférence, le directeur général Mark Schneider a averti qu'à l'avenir, la croissance reposera davantage sur la progression des volumes et le mix produits. A ce titre, l'alimentation pour animaux de compagnie - respectivement la marque Purina - demeure un véritable moteur de croissance pour Nestlé. Le café et la confiserie, en particulier la barre chocolatée Kitkat, ont également soutenu les ventes.

L'unité Nestlé Health Science (NHSc), spécialisée dans les alicaments, hérite à nouveau du bonnet d'âne. Sa RIG s'est hissée péniblement à 1,6%. Cette filiale, qu'un analyste de Vontobel qualifie de "problème auto-infligé", a rencontré des soucis informatiques qui ont perturbé les livraisons.

Nestlé reste en Russie

En conférence de presse, Mark Schneider a admis que la performance de NHSc était décevante et a pointé du doigt des "problèmes d'intégration" négligés par l'ancienne équipe dirigeante. Avec de nouveaux responsables à sa tête, cette unité devrait remplir les objectifs fixés lors de la dernière journée des investisseurs, a-t-il indiqué.

La croissance organique s'est révélée inégale selon les régions: très forte, par exemple, en Amérique du Sud (+9,3%) mais moindre dans la région "Grande Chine" (+4,2%). Le futur-ex chef financier (CFO) François-Xavier Roger a rappelé que l'inflation s'est révélée moins forte dans l'Empire du Milieu, ce qui explique cette différence.

Le groupe veveysan n'entend par ailleurs pas changer sa stratégie en Russie, où la multinationale reste active depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine, se concentrant uniquement sur les aliments pour les nourrissons et médicaux. Fin février, l'ONG Greenpeace a reproché à plusieurs multinationales, dont Nestlé, d'exploiter les crises pour engranger des bénéfices, ce que le groupe réfute.

Le bénéfice net a progressé de 20,9% à 11,21 milliards de francs suisses. Un effet unique avait plombé la rentabilité de Nestlé en 2022. Le conseil d'administration propose de relever le dividende à 3 francs suisses par action, à comparer aux 2,95 francs suisses versés au titre de 2022. Les chiffres publiés par Nestlé sont globalement inférieurs aux prévisions du consensus AWP.

Pour l'exercice en cours, la direction table sur une croissance organique des ventes de quelque 4% et une "augmentation modérée" de la marge opérationnelle. Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants devrait augmenter entre 6% et 10%. Les objectifs à moyen terme sont confirmés.

Dans leur ensemble, les analystes déplorent une performance poussive, certains réclamant même des mesures afin d'amorcer une reprise. Les investisseurs ont visiblement partagé les avis négatifs. L'action Nestlé a fini lanterne rouge des blue chips, en baisse de 4,9% à 94,24 francs suisses, dans un SMI en repli de 0,37%.

Nestlé annonce par ailleurs la nomination de Geraldine Matchett au conseil d'administration, candidature qui sera soumise à l'assemblée générale du 18 avril. L'administrateur sortant Henri de Castries va quitter le groupe après y avoir passé 12 ans.

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