Paris (awp/afp) - Première analyse des résultats pour Christel Heydemann à la tête d'Orange: le géant français des télécoms a annoncé mardi un chiffre d'affaires en légère hausse de 0,7% sur un an, au premier trimestre 2022, à 10,58 milliards d'euros, tiré notamment par la zone Afrique et Moyen-Orient.

Sur la période, l'excédent brut d'exploitation après loyers (Ebitdaal), principal indicateur de rentabilité du groupe, atteint 2,62 milliards d'euros (+1,0%).

"Une performance qui conforte l'atteinte de l'objectif 2022 d'une progression entre 2,5% et 3%" de l'Ebitdaal, a indiqué Orange dans un communiqué.

Pour 2023, Orange confirme l'objectif d'un "cash-flow" (flux de trésorerie) organique des activités télécoms d'au moins 3,5 milliards d'euros.

Après avoir consacré ses premières semaines à la tête d'Orange pour aller à la rencontre de ses équipes en France et à l'étranger, Christel Heydemann a livré mardi ses premières prises de position publiques sur les grands dossiers de l'entreprise, sans dévoiler toutefois "ses futures priorités stratégiques".

. Prudence sur la consolidation en France

En France, principal marché du groupe où les revenus reculent de 0,7% au premier trimestre, la directrice générale, en poste depuis début avril, est restée prudente sur "l'éternelle" question de la consolidation.

"Est-ce qu'elle est indispensable dans le marché français? Je ne le pense pas. S'il y a des mouvements, Orange regardera-t-il les opportunités? La réponse est évidemment oui, mais comme ce fut le cas par le passé", a-t-elle déclaré en conférence de presse.

"Maintenant, cela ne peut pas être le coeur de notre stratégie", a-t-elle encore souligné.

Concernant l'enjeu du pouvoir d'achat des Français et le prix des abonnements, qui n'échappent pas au contexte d'inflation généralisé, la stratégie d'Orange repose sur le principe du "more for more", a-t-elle rappelé, à savoir "offrir plus de services aux clients pour des prix plus élevés".

. L'Espagne et le marché européen

En Europe, où Orange est présent dans sept pays, les ventes hors Espagne sont stables au premier trimestre 2022.

Mais le chiffre d'affaires de l'Espagne reste en retrait de 4,6% sur un an, alors que l'opérateur français a annoncé en mars avoir entamé des "négociations exclusives" avec son concurrent espagnol MasMovil pour fusionner sur ce marché fragmenté.

"On vise un +closing+ pour mi-2023", a annoncé Ramon Fernandez, directeur général adjoint en charge des finances d'Orange, lors d'une conférence téléphonique.

Concernant une consolidation du marché européen, "trop fragmenté" selon Mme Heydemann avec une centaine d'opérateurs sur le continent contre trois-quatre grands opérateurs en Chine ou aux États-Unis, "on ne peut pas programmer" de la fusion-acquisition, a-t-elle répété.

"On ne peut pas se satisfaire de la situation du marché européen, mais en même temps on sait aussi que les choses ne changeront du jour au lendemain", notamment en matière de régulation, a-t-elle encore expliqué.

A l'image de l'Espagne, de la Belgique ou la Roumanie, elle privilégie une stratégie de "consolidation nationale" sur ses marchés européens hors France, alors qu'Orange compte 11,6 millions de clients convergents en Europe.

"La stratégie d'Orange ne passe pas par une consolidation transnationale", a-t-elle martelé. "On a beaucoup de valeur dans l'entreprise qu'on peut déjà apporter à nos clients dans nos géographies existantes".

. Infrastructures

Le chiffre d'affaires de Totem, la société européenne du groupe Orange qui détient et gère les infrastructures mobiles passives des tours de télécommunications en France et en Espagne, atteint 161 millions d'euros au premier trimestre, pour la première publication de ses résultats.

Pour son développement, Orange va-t-il se rapprocher avec d'autres "TowerCo" européennes, alors que des acteurs concurrents comme l'Espagnol Cellnex ou American Tower ne cesse de tisser leur toile sur le continent?

Si la priorité est donnée à une "croissance organique" de Totem, Mme Heydemann a indiqué qu'Orange "discute et échange" avec les autres acteurs européens, même "s'il est trop tôt" pour donner des échéances sur ce sujet.

afp/rp