Dans une vaste enquête signée Reed Stevenson, l'agence américaine explique la mécanique à l'origine de la déchéance de Carlos Ghosn, et par ricochet du chaos au sein de l'alliance Renault, Nissan, Mitsubishi. Les investigations ont mené à un chef d'orchestre, Hari Nada, un vice-président de Nissan "connu pour ses tactiques agressives et son penchant pour les Marlboro, les chemises à boutons de manchette et l'eau de Cologne forte". C'est lui qui aurait fomenté le coup d'Etat contre Ghosn, en préparant méthodiquement le terrain près d'un an avant l'arrestation du dirigeant à Tokyo.

Bloomberg avait déjà qualifié Nada de meneur en juin, mais a publié hier de nombreux détails sur son enquête. L'intéressé aurait notamment organisé un piratage informatique pour accéder à la boîte mail du PDG, quelques mois avant de prendre contact avec le parquet japonais. L'opération a été menée grâce à la société française Wavestone, qui avait été embauchée pour un "pentest" de Nissan – un test d'intrusion des défenses cyber pour déterminer si le niveau de sécurité du constructeurs était suffisant – mais dont les travaux ont peut-être permis à Nada de lire les communications de Ghosn.

Le secrétaire général de Nissan de l'époque, Ravinder Passi, affirme de son côté avoir subi des représailles (une descente de police et de procureurs à son domicile notamment) après avoir soulevé des interrogations en conseil d'administration au sujet des agissements de Nada. Ce dernier aurait d'ailleurs été soupçonné de malversations financières avant d'être couvert par un accord d'immunité avec la justice japonaise. Bloomberg a également appris que l'ancien dirigeant de Nissan José Muñoz, proche de Carlos Ghosn et désormais CEO de Hyundai, s'est soustrait à la convocation du parquet de Tokyo par crainte d'être incarcéré, après avoir été averti par les chancelleries américaine et espagnole.

La vaste enquête de Bloomberg est disponible ici pour les anglophones.