Zurich (awp) - Le mastodonte pharmaceutique et du diagnostic Roche publiera jeudi 1er février ses résultats 2023. Douze analystes se sont attelés pour le consensus AWP à résoudre l'équation des projections:

2023E
(en mio CHF)      consensus AWP     fourchette       2022A    estimations
              
chiffre d'affaires   59'203      58'472 - 60'000    63'281       11 
- Pharma             44'928      44'625 - 45'328    45'551        8 
- Diagnostics        14'033      13'847 - 14'266    17'730        8

Ebit de base         20'214      19'691 - 20'828    22'173       10

(en CHF)
BPBJ de base          18,47       17,87 - 19,06      20,30       11
dividende/BJ           9,63        9,05 - 9,80        9,50       11

FOCUS: le laboratoire rhénan aura connu un exercice compliqué l'an dernier, entre évaporation des juteux revenus des tests Covid-19 et concurrence débridée de versions génériques de ses moteurs de ventes vieillissants Avastin, Herceptin et Mabthera/Rituxan, sans même parler de l'appréciation du franc. Il reste à voir dans quelle mesure l'essor des nouveaux produits, Vabysmo en ophtalmologie en tête, aura compensé l'essoufflement des piliers de croissance décatis.

Les observateurs scruteront en outre la feuille de route que brossera la direction pour l'exercice en cours, traditionnellement conservatrice à cette période de l'année.

OBJECTIFS: la multinationale a d'ores et déjà exclu de ses scénarios toute perspective de croissance en 2023. Ajustées des effets de change, les recettes se seront contractées de 1 à 5%, tout comme le bénéfice par titre ajusté. L'impact de la disparition de la franchise Covid-19 était devisé en octobre à 4,5 milliards et celui de la concurrence des biosimilaires à 1,1 milliard. L'appréciation du franc face à la plupart des autres devises risque de coûter à Roche 7 points de pourcentage de décroissance.

Les actionnaires peuvent néanmoins compter sur une nouvelle augmentation de leur rémunération.

POUR MÉMOIRE: Roche a consenti de généreux investissements dans son innovation externe ces derniers mois, déboursant notamment 7,1 milliards de dollars (6,4 milliards de francs suisses alors) en octobre pour l'acquisition de l'américain Telavant et du principal produit en développement de ce dernier dans le domaine gastroentérologique.

Début décembre, le groupe s'est relancé dans la course contre l'obésité en s'offrant pour jusqu'à 3,1 milliards de dollars (2,7 milliards de francs suisses) le californien Carmot Therapeutics et son portefeuille de traitements GLP-1 expérimentaux, dont le plus avancé se trouve en phase intermédiaire de développement clinique.

Le laboratoire massachussetais Remix Therapeutics a annoncé début janvier une collaboration avec Roche dans le domaine des petites molécules modulatrices d'acide ribonucléique (ARN), susceptible de générer jusqu'à un milliard de dollars de revenus en versements d'étape et commissions.

La division Diagnostics, dont est issue le nouveau patron du groupe Thomas Schinecker, n'a pas été oubliée, avec le rachat pour environ 300 millions de dollars de la plateforme britannique Lumiradx.

L'innovation propre a connu des succès et des ratés. Roche a annoncé fin octobre l'échec de l'étude clinique avancée Embark contre la myopathie de Duchenne (MD) menée par son partenaire massachussetais Sarepta Therapeutics sur l'Elevidys (délandistrogène moxéparvovec-rokl), qui jouit depuis fin juin d'une autorisation temporaire de prescription aux Etats-Unis.

L'Agence américaine du médicament (FDA) a accordé début novembre le statut prioritaire "breakthrough device" pour son test immunologique Elecsys Neurofilament Light Chain. Le dispositif permet de détecter l'activité de la maladie chez les patients atteints de sclérose en plaques (MS).

A l'inverse, un programme de phase III sur l'inavolisib, administré conjointement avec le palbociclib du concurrent new-yorkais Pfizer et le fulvestrant tombé dans le domaine public, a démontré début décembre une réduction sensible le risque de progression de la maladie chez les patientes souffrant d'un type particulier de cancer du sein.

La FDA a interrompu début décembre un programme sur le fénébrutinib, développé contre la sclérose en plaques. La décision du gendarme sanitaire au pays de l'oncle Sam repose sur la constatation de deux cas d'élévation de transaminases hépatiques, suggérant une lésion du foie induite par le traitement.

COURS DU BON DE JOUISSANCE: le principal titre Roche en circulation peine toujours à soutenir la comparaison avec son indice de référence en ce début d'année, s'enrobant de moins de 1% contre près de 3% pour le SMI. Le célèbre "bon" s'était déjà délesté de quelque 17% en 2023, à contre-courant d'un SMI en hausse de 3,8%.

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