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Pilotée par Yves Boël, la Sofina passe le cap des 5% chez Touax

Le 20 mars 2009 à 06:00

L'évolution du revenu d'exploitation consolidé de Touax depuis une dizaine d'années ne faiblit pas. Serait-ce la raison pour laquelle Sofina, la société de portefeuille de la discrète famille Boël, a souhaité acquérir quelques actions supplémentaires de l'opérateur mondial de la location opérationnelle, franchissant ainsi le seuil des 5% des droits de vote ?

Ils ne sont pas classés par le magazine Forbes, ne font pas la une des magazines « people » et, nos amis belges mis à part, peu connaissent ne serait-ce que leur nom. Cela n'empêche pas la famille Boël de contrôler la moitié du capital de Sofina, une société financière cotée sur Euronext Bruxelles et qui pèse 2,6 milliards d'euros.

Présent au capital de groupes tels que Danone, Suez ou Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels, Dunhill, Lancel, ...) pour ne citer que les plus célèbres, Sofina se classe juste derrière les holdings GBL et CNP d'un autre financier belge - Albert Frère - et a enregistré une croissance d'environ 10% de la valeur de l'actif sur les 20 dernières années.

Pourquoi Touax ?
Conteneurs maritimes, constructions modulaires, barges fluviales et wagons de fret : le groupe français Touax est l'un des grands opérateurs mondiaux du marché de la location opérationnelle.

Récompensé le 17 mars dernier par le prix de l'Entreprise Européenne, décerné depuis 2004 aux entreprises les plus performantes par l'école HEC, Roland Berger Strategy Consultants et le journal La Tribune, Touax peut se targuer d'avoir versé des dividendes sans discontinuité depuis sa fondation en 1855.

En pariant sur un développement massif à l'international, le groupe de location est parvenu à multiplier son chiffre d'affaires par 5 en l'espace de 10 ans, passant de 68,3 millions d'euros à près de 364 millions d'euros en 2008, en hausse de 31%.

La famille Boël compte parmi les actionnaires prudents qui ne financent leurs investissements que sur leurs fonds propres. Sofina ne pouvait donc que louer la stratégie de Touax, basée sur une perspective à long terme et une croissance durable.

Valeurs citées dans l'article

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Yves Boël

L'histoire de la famille Boël commence au milieu du XIXème siècle, dans la partie francophone de la Belgique. Fils d'agriculteurs, Gustave Boël entre en 1851 – à 14 ans – comme simple employé dans les usines sidérurgiques d'Ernest Boucquéau, à La Louvière. En 1865, il devient gérant de l'usine. Confronté à des difficultés financières, Ernest Boucquéau n'est pas soutenu par ses partenaires financiers. Il se reposera sur Gustave Boël à qui, faute d'héritier, il lèguera son patrimoine à sa mort, en 1880.

C'est là l'origine de l'empire industriel des Boël, sur lequel se greffent rapidement des mines de charbon, d'autres aciéries et des participations diverses. Les Boël s'impliquent aussi dans la vie politique. Les bourgmestres (maires) et sénateurs Boël seront nombreux. En 1912, les Usines Gustave Boël emploient un peu moins de 2.000 salariés. Un chiffre qui sera multiplié par deux cinquante ans plus tard.

Les Boël les conserveront jusqu'à la fin des années 90, la pire période de la sidérurgie européenne. Le poids politique de la famille et les participations qu'elle a accumulé très tôt – elle détient des actions de la Lyonnaise des Eaux depuis 1952 – lui permettront de passer le cap. Créé en 1956 et coté à Bruxelles, leur société de portefeuille s'appelle Société financière de transports et d'entreprises industrielles, soit « Sofina ».

Dès 1998, les Boël sont des financiers à part entière. Et pas n'importe lesquels ! Sofina, dont la famille contrôle la moitié du capital, vaut aujourd'hui 2,6 Mds€, ce qui la classe juste après les holdings (GBL et CNP) d'un autre financier belge, Albert Frère. Sur les 20 dernières années, la valeur de l'actif a cru de l'ordre de 10% l'an.

Sofina est un actionnaire prudent : ses investissements sont financés sur fonds propres, non par endettement, et ne portent que sur des entreprises de qualité. Longtemps, le groupe de luxe suisse Richemont a compté parmi ses principales participations, de même que Danone, Total ou Fortis... L'année dernière, Sofina a vendu une partie de ces titres pour se renforcer en Suez et Eurazeo. Les comtes Boël sont d'ailleurs souvent présents au capital des mêmes entreprises que le baron Frère. Avec un succès comparable.

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