PARIS (Reuters) - Le gouvernement continue de discuter avec des grandes entreprises comme TotalEnergies et CMA CGM et espère les convaincre rapidement d'accentuer leur participation à la lutte contre l'inflation, a déclaré jeudi Olivier Véran.

"Des premiers gestes ont été faits, qui ne sont pas suffisants de notre point de vue", a dit le porte-parole du gouvernement sur franceinfo.

"Nous souhaitons que ces efforts soient amplifiés (...), on continue de travailler et d'ici à la fin de la semaine j'espère que nous pourrons faire des annonces", a-t-il ajouté.

Le groupe pétrolier et le groupe de transport maritime ont annoncé fin juin des remises pour certains de leurs clients, sous la pression du gouvernement, désireux de voir les entreprises privées dont les profits sont dopés par le contexte inflationniste lié à la guerre en Ukraine prendre une part de l'effort pour soutenir le pouvoir d'achat des Français.

Olivier Véran a une nouvelle fois assuré que le gouvernement n'était pas favorable à l'hypothèse d'une taxe sur les bénéfices exceptionnels.

"Ce que nous souhaitons, c'est que cette contribution des entreprises elle soit directe, c'est-à-dire qu'elle se fasse directement de l'entreprise vers les Français", a dit le porte-parole du gouvernement.

Une position favorablement accueillie par le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé.

"Je ne suis pas convaincu que taxer les entreprises soit la solution", dit Rodolphe Saadé dans un entretien au Figaro daté de jeudi. "Je considère que c'est en utilisant le levier commercial qu'on arrive à aider nos clients et les Français."

Malgré les réticences gouvernementales, 12 députés du groupe Renaissance ont déposé mardi un amendement au projet de loi de finances rectificative (PLFR) en vue d'"une contribution exceptionnelle sur les bénéfices des sociétés pétrolières et gazières, ainsi que des sociétés de transport maritime de marchandises (....) qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur à 1 milliard d'euros".

Cette taxation, dictée par la nécessité d'efforts publics face à la hausse du coût de la vie, s'appliquerait sur les bénéfices de 2022, à hauteur de 15% du résultat imposable.

"C'est une forme d'amendement d'appel pour rappeler aux grands groupes que si les efforts sur les mesures qu'ils peuvent prendre apparaissent insuffisantes, nous pourrons toujours avoir recours à la mise en place d'une taxe sur les profits", a expliqué à Reuters Stéphane Travert, député Renaissance.

(Rédigé par Myriam Rivet avec la contribution d'Elizabeth Pineau, édité par Bertrand Boucey et Sophie Louet)