PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le producteur d'énergie TotalEnergies "n'a pas de futur de croissance en Russie" après la décision du président Vladimir Poutine d'envahir l'Ukraine, a déclaré mercredi le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, lors d'un entretien sur RTL.

Quand le conseil d'administration du géant de l'énergie a décidé fin février de renoncer à investir dans de nouveaux projets en Russie, suite à l'invasion de l'Ukraine, TotalEnergies a fait une "croix sur tout le futur" qu'il était en train de construire en Russie, a indiqué Patrick Pouyanné.

Mardi soir, TotalEnergies a annoncé avoir décidé "unilatéralement" de ne plus conclure ou renouveler des contrats d'achat de pétrole et de produits pétroliers russes, afin d'arrêter ces achats "dans les meilleurs délais et au plus tard à la fin de l'année 2022". Cette décision a été prise pour tenir compte de "l'aggravation de la situation en Ukraine et de l'existence de sources alternatives pour approvisionner l'Europe", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le 25 février, TotalEnergies avait annoncé avoir renoncé à toute opération de trading sur les marchés spot portant sur du pétrole ou des produits pétroliers russes.

TotalEnergies "n'est pas en jeu"

La Russie représentait 5% du cash-flow du groupe, 10% de ses résultats, ainsi que des réserves importantes mais qui ne rapportaient "pas beaucoup d'argent", donc "l'entreprise n'est pas en jeu", a souligné Patrick Pouyanné mercredi.

Cependant, si le groupe sait se passer du pétrole russe, notamment par des approvisionnements accrus au Moyen-Orient, ce n'est pas le cas pour le gaz, a déclaré le dirigeant.

"Sans gaz russe, on arrête une partie de l'économie européenne", ainsi si l'Europe imposait de s'en passer, "nous savons qu'à l'hiver 2023, nous avons un problème. En janvier 2023, il faudra rationner l'utilisation du gaz, pas pour les particuliers mais sans aucun doute pour les industriels en Europe", a expliqué Patrick Pouyanné.

Pour le moment, "personne n'est parti [de Russie, ndlr], mes concurrents continuent à prendre le gaz russe parce qu'on a des contrats à long terme et qu'on ne sait pas arrêter les contrats à long terme, sauf si les gouvernements décident de sanctions" permettant d'excercer la force majeure, a poursuivi le dirigeant. "Si j'arrête les contrats de gaz russe, [...] je paye des milliards immédiatement aux Russes", a-t-il ajouté.

Le groupe n'opère aucun actif gazier en Russie, mais a investi presque 13 milliards de dollars dans des usines qui tourneront que TotalEnergies soit présent ou non dans le pays, a rappelé Patrick Pouyanné. "Me retirer, c'est donner ces 13 milliards à des Russes pour zéro parce qu'aujourd'hui personne ne veut acheter ces usines, et donc je vais enrichir" ceux que l'on veut sanctionner, a indiqué le PDG de TotalEnergies.

A 9h55, l'action TotalEnergies gagnait 0,4% à 46,17 euros.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV

(Eric Chalmet a contribué à cet article)

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March 23, 2022 04:55 ET (08:55 GMT)