Zurich (awp) - La Commission de la concurrence (Comco) a accordé jeudi son feu vert à deux importantes opérations dans le secteur des médias: l'acquisition de la régie publicitaire Goldbach par Tamedia et la fusion entre les groupes de presse AZ Medien et NZZ. Dans les deux cas, le gendarme de la concurrence n'a pas décerné d'obstacle à la libre concurrence.

La Comco a octroyé son accord sans condition à Tamedia et Goldbach, ont indiqué les deux groupes zurichois dans un communiqué commun. La transaction sera finalisée dans les dix prochains jours ouvrés, alors que les deux sociétés anticipaient une finalisation seulement en septembre ou octobre.

Le régulateur avait pourtant choisi de prendre son temps pour examiner l'opération, estimant début mai qu'il existait "des indices que la concentration crée ou renforce une position dominante".

Il avait alors rappelé que Tamedia couvre, avec ses plus de 50 médias et plateformes numériques, une grande partie de la population suisse dans toutes les régions linguistique, alors que Goldbach jouit d'une position prépondérante en matière de commercialisation de médias électroniques.

Jeudi, la Comco a cependant indiqué dans un communiqué que "l'examen approfondi de l'acquisition envisagée de Goldbach par Tamedia a révélé que la concentration n'entraînera pas des modifications majeures de la situation du marché".

Le mariage entre Tamedia et Goldbach ne devrait pas entraîner "la suppression d'une concurrence efficace", a ajouté le régulateur. Selon le point de vue de ce dernier - qui intègre le droit des cartels et non la diversité médiatique - "rien ne s'oppose" à cette concentration.

Concurrence redéfinie

Avec ce rachat, Tamedia accède à la commercialisation de contenus publicitaires à la télévision et la radio, alors qu'il était jusqu'à présent cantonné à ses titres imprimés et aux portails internet.

Le groupe de médias zurichois se retrouve en concurrence avec la régie publicitaire Admeira, détenue par Ringier et Swisscom, et des géants du web comme Facebook et Google, mais aussi dans la presse écrite avec AZ Medien et NZZ.

Ces deux derniers ont d'ailleurs également reçu un blanc-seing de la Comco à leur projet de fusion. AZ Medien et NZZ avaient annoncé début décembre leur volonté de regrouper les forces de leurs journaux et médias électroniques régionaux.

La nouvelle entité commune touchera deux millions de lecteurs, auditeurs et téléspectateurs outre-Sarine. La coentreprise entre AZ Medien et NZZ enregistrera un chiffre d'affaires annuel de 500 millions de francs suisses et comptera 2000 collaborateurs, soit l'essentiel des employés actuels.

Dernier obstacle majeur franchi

Quant à Tamedia, l'éditeur zurichois détient 96,9% des actions Goldbach visées par l'offre publique d'achat (OPA). Au terme de l'opération, Goldbach doit être décoté.

La décision positive de la Comco "a permis de passer avec succès le dernier obstacle majeur" dans le rapprochement des deux groupes, a affirmé le directeur général de Tamedia, Christoph Tonini.

Les deux groupes réunis veulent renforcer leur présence sur le marché publicitaire suisse et s'étendre davantage à l'étranger, notamment en Allemagne et en Autriche.

Goldbach continuera d'opérer indépendamment depuis son siège de Küsnacht et son patron, Michi Frank, intègre la direction de Tamedia.

La deuxième ligne de négoce servant au rachat des actions Goldbach ouverte en mai restera ouverte jusqu'à trois jours avant la finalisation de l'acquisition.

Les syndicats grimacent

Les syndicats Symdicom et Impressum ne sautent pas de joie après les deux décisions de la Comco. Impressum montre du doigt le manque de combativité du gendarme de la concurrence.

Syndicom insiste lui sur la défense de l'emploi. Il demande que la société fusionnée CH Media s'engage à ne pas licencier d'employés et à conserver les postes de travail. Il s'inquiète aussi pour la diversité des médias et des titres.

A la Bourse suisse, le blanc-seing de la Comco a donné des ailes à l'action Tamedia, qui a engrangé 2,5% à 145 francs suisses, accélérant nettement plus vite que son indice de référence SPI (+0,75%).

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