New York (awp/afp) - La plateforme de location de logements Airbnb, qui a bousculé l'industrie du tourisme, a remporté un franc succès à l'occasion d'une première cotation exubérante à Wall Street jeudi.

Son action a clôturé à 144,71 dollars sur la place boursière du Nasdaq, en hausse de 113% par rapport à son prix d'introduction en Bourse.

A ce niveau, en incluant les titres accordés aux salariés, Airbnb est valorisé à environ 100 milliards de dollars en Bourse selon Bloomberg.

La propagation de la pandémie aux Etats-Unis au printemps avait marqué un coup d'arrêt pour les sociétés souhaitant se frotter aux marchés.

Mais la vie boursière est depuis repartie de l'avant et les investisseurs montrent un appétit vorace pour les nouvelles arrivées.

Mercredi, le livreur de repas et de courses à domicile DoorDash avait déjà fait une entrée en trombe à Wall Street, en s'envolant de 86%.

Airbnb avait initialement prévu de mettre sur le marché ses actions à une fourchette de prix allant de 44 dollars à 50 dollars l'unité, un intervalle relevé quelques jours plus tard à 56-60 dollars, avant de grimper à 68 dollars mercredi soir.

Le niveau de l'action, qui s'échange sous le symbole "ABNB", a continué à exploser jeudi matin au fur et à mesure que les courtiers et banquiers tentaient d'évaluer au plus juste l'intérêt des investisseurs, pour finalement débuter la cotation à 146 dollars.

Pour l'occasion, le Nasdaq a déployé le logo de la plateforme et des images de son activité sur sa façade en surplomb de la mythique place de Times Square à New York.

Une fois les frais décomptés, la société a récupéré 3,4 milliards de dollars d'argent frais grâce à cette opération.

'Essor d'un géant'

Née il y a 13 ans à San Francisco, l'entreprise a bouleversé l'industrie des voyages professionnels et du tourisme.

Brian Chesky et Joe Gebbia cherchaient en 2007 un moyen de payer leur loyer et créent alors un site, baptisé AirBedandBreakfast.com, pour proposer aux participants d'une conférence de les héberger sur des matelas pneumatiques.

Les deux amis sont rejoints en 2008 par l'informaticien Nathan Blecharczyk et forment alors officiellement Airbnb.

Alors que se propage une grave crise financière dans le monde, l'idée de trouver des logements temporaires moins chers, ou de gagner un peu d'argent en louant une chambre, séduit rapidement le public.

La plateforme de locations a bien rencontré des résistances en chemin, plusieurs municipalités et des hôteliers s'inquiétant de voir des logements privés se transformer de facto en hôtels, privant les particuliers d'habitations, favorisant la spéculation immobilière et créant un manque à gagner pour le secteur hôtelier traditionnel.

Mais le groupe a désormais quatre millions d'hôtes à son compteur et plus de 825 millions de clients.

La plateforme a été heurtée de plein fouet par les mesures sanitaires imposées dans le monde à l'hiver et au printemps dernier - son chiffre d'affaires des neuf premiers mois de 2020 a plongé de 32% sur un an.

L'entreprise a dû lever en urgence 2 milliards de dollars pour faire face à la crise et licencier environ 25% de ses salariés.

Cela lui a permis de relever la tête pendant les vacances d'été: de juillet à septembre, la plateforme a gagné 219 millions de dollars.

Airbnb a notamment profité de l'appétit pour les longs week-ends et vacances à proximité, ainsi que du souhait des gens de télétravailler depuis un autre lieu que leur domicile.

En achetant des actions du site, les investisseurs ont l'impression de miser sur l'essor d'un nouveau géant dans son secteur, remarque Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuille pour Meeschaert Financial Services.

"Les gens ont actuellement peur d'aller dans les hôtels, les endroits publics, il y a un réel appétit pour les locations dans les endroits individuels", souligne-t-il auprès de l'AFP. "Et la concurrence, comme (le site) Expedia, est loin derrière."

Le simple fait qu'Airbnb parvienne à dégager des bénéfices trimestriels peut aussi représenter un atout à Wall Street, où nombre de sociétés relevant de l'économie du partage, comme Uber, sont entrées en Bourse sans avoir jamais réussi à être rentables.

afp/rp