Zurich (awp) - L'avenir de Credit Suisse est désormais scellé. Le nouveau propriétaire UBS annonce l'assimilation intégrale dès l'an prochain des activités de son ancienne rivale malheureuse en Suisse, avec à la clé la disparition graduelle de plusieurs milliers d'emplois.

La raison sociale Credit Suisse sera maintenue jusqu'à finalisation de la migration des clients. Son apoptose est ainsi agendée pour 2025.

"Credit Suisse (Suisse) serait resté fragile, même dans le cas d'une autonomisation concentrée", a martelé le directeur général d'UBS, Sergio Ermotti, en téléconférence jeudi. Un tel scénario n'aurait selon lui pas non plus permis de faire l'impasse sur des coupes dans les effectifs.

Redondances en voie d'élimination

Les responsables du projet d'intégration ont à ce stade identifié un millier de doublons de postes en Suisse et prévoient d'en recenser 2000 de plus au fur et à mesure de l'avancement du rapprochement. La plupart des dédoublonnages devraient survenir à partir de fin 2024 sans licenciement sec, notamment par des départs en préretraite ou des reclassements au sein du groupe.

Réagissant à ces annonces, l'Association suisse des employés de banques (Aseb) a demandé dans une prise de position à ce que les 37'000 employés réunis du nouveau géant bancaire en Suisse soient "traités de manière juste et équitable".

La question du maintien ou non de l'entité helvétique de Credit Suisse, la plus rentable, taraudait les observateurs depuis l'annonce du mariage forcé des deux principaux établissements du pays sous l'égide de la Confédération, annoncé mi-mars et finalisé trois mois plus tard. Le rachat de Credit Suisse, alors confronté à un insondable déficit de confiance, devait permettre d'éviter une contagion au reste du système bancaire.

Sans pour l'heure évoquer le moindre impact sur les effectifs à l'échelle mondiale, UBS a par ailleurs annoncé la création d'une unité de défaisance, dans laquelle ont été placées des actifs et passifs dont Credit Suisse entendait déjà se séparer au préalable, ainsi qu'une grande partie des activités de banque d'affaires, de la gestion de fortune et de la gestion d'actifs de l'établissement aux deux voiles. L'entité comprend également des actifs et passifs d'UBS, considérés non stratégiques à la lueur du rapprochement.

Un héritage à liquider d'urgence

Les actifs pondérés au risque de l'unité de défaisance étaient devisés au 30 juin à environ 55 milliards de dollars, dont 3 milliards en provenance d'UBS, qui doivent être réduits de moitié à l'horizon 2026. Ces actifs représentent pour l'heure une exposition totale de 224 milliards.

La drastique simplification de la structure doit notamment permettre de réduire la dépense d'une dizaine de milliards de dollars à l'horizon 2026. L'ampleur de l'estimation pour ces économies a été revue à la hausse, UBS articulant en mars encore environ huit milliards. L'horizon pour ce faire a, lui, été écourté d'une année.

Credit Suisse a déjà enregistré environ 8000 départs entre janvier et fin juin, a relevé le directeur financier Todd Tuckner, soulignant l'allégement subséquent de la facture de personnel.

Les analystes rappellent que le choix d'une intégration pure et simple de Credit Suisse dans UBS constituait le scénario le plus probable. "Il n'en demeure pas moins qu'UBS fait face à une tâche titanesque pour restructurer Credit Suisse, incorporer les éléments clés, conserver les clients et les faire migrer vers sa propre infrastructure, résoudre les affaires juridiques, etc." égraine Andreas Venditti, chez Vontobel.

La banque aux trois clés promet de nouveaux points de situation stratégique au moment de la publication des prochains résultats au troisième et quatrième trimestres 2023.

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