Zurich (awp) - Le concepteur de systèmes d'injection Ypsomed s'associe au laboratoire américain Eli Lilly pour le développement et de la distribution d'un nouveau produit destiné au traitement du diabète. Conçu sur la base de la versatile Ypsopump, le dispositif doit intégrer des fonctions de surveillance du taux de glucose et d'administration automatisée d'insuline.

La commercialisation exclusive au pays de l'oncle Sam sera confiée au géant pharmaceutique, précise un communiqué diffusé jeudi. La multinationale indianapolisienne pourra aussi distribuer le fruit de cette collaboration en Europe, sans disposer toutefois de l'exclusivité sur le Vieux continent.

La société de Berthoud espère pouvoir soumettre au gendarme sanitaire américain (FDA) une demande d'homologation en 2022 et débuter la commercialisation autour du milieu de la même année. Une version développée en partenariat avec le béhémoth danois de l'insuline Novo Nordisk est déjà approuvée en Europe depuis 2016.

Un marché de taille

Le directeur général Simon Michel a mis en exergue en téléconférence de presse l'envergure exceptionnelle du marché américain du diabète, qui recense quelque 30 millions de patients. Sur le million et demi de diabètiques susceptibles de bénéficier d'une pompe à insuline, quelque 700'000 sont déjà équipés de produits de la concurrence. Eli Lilly compte néanmoins chasser sur les terres de Medtronic ou de l'ancien partenaire d'Ypsomed Insulet, a poursuivi le patron.

Les installations d'Ypsomed dans l'Emmental dispose d'une capacité de production de 40'000 pompes par années, multipliable par deux au besoin. Le site allemand de Schwerin est par contre encore en phase d'extension et celui au Mexique de construction.

Le partenariat avec Eli Lilly doit permettre à Ypsomed de gagner de l'argent "dès la vente de la première pompe aux Etats-Unis", alors que l'établissement d'un canal de distribution propre aurait nécessité d'importants investissements sur plusieurs années, a poursuivi le responsable. Le développement et la mise en place des lignes de production a déjà coûté beaucoup d'argent à la société bernoise, qui vise à terme à renouer avec une marge opérationnelle (Ebit) de 20%.

Promesses d'avenir... lointain

Le déploiement d'un réseau de vente aux Etats-Unis aurait nécessité une centaine de millions de francs suisses d'investissement, estime Vontobel dans un commentaire. Ce montant aurait constitué un important fardeau pour une société dont la banque de gestion juge l'envergure modeste au regard de Medtronic notamment. La conclusion d'un partenariat constitue subséquemment une bonne nouvelle.

L'Ypsopump constitue le plus vaste chantier pour Ypsomed, générant des pertes opérationnelles annuelles de 45 à 50 millions de francs suisses, rappelle la Banque cantonale de Zurich. La contribution d'Eli Lilly va permettre à Ypsomed de surmonter l'un de ses principaux handicaps, à savoir une présence insuffisante outre-Atlantique. Il restera alors à établir une supériorité technologique sur les produits établis d'une concurrence qui ne se repose pas sur ses lauriers, prévient l'établissement zurichois, qui n'anticipe pas d'embellie notable avant 2023 voire 2024.

A la Bourse suisse, la nominative Yypsomed a achevé la séance sur un bond de 10,09% à 150,60 francs suisses, contrastant avec un SPI en retrait de 0,66%.

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