New York (awp/afp) - La Bourse de New York a continué de savourer jeudi le nouveau ton adopté par la Fed la veille qui indique que la banque centrale américaine est prête à rabaisser les taux d'intérêt l'année prochaine.

L'indice Dow Jones a continué sur son record de mercredi, avançant de 0,43%. Le S&P 500 a gagné 0,26% et le Nasdaq, à forte coloration technologique, a progressé de 0,19%.

Les taux obligataires se sont encore détendus, ceux à dix ans tombant sous les 4% pour la première fois depuis fin juillet.

La Réserve fédérale a laissé ses taux inchangés mercredi comme attendu mais surtout elle a indiqué qu'elle pourrait baisser par trois fois les taux l'année prochaine, une perspective qui enchante les marchés.

Jerome Powell, son président, a reconnu pour la première fois que le Comité monétaire avait discuté du calendrier des baisses de taux.

"La Fed a clairement indiqué qu'elle était prête à réduire ses taux. C'est un changement de paradigme pour le marché", a commenté Adam Sarhan de 50 Park Investments pour l'AFP.

"La Fed a désormais mis fin au cycle de hausses de taux le plus agressif qu'elle ait entrepris depuis des décennies", a-t-il ajouté. Le coût du crédit a été relevé de 5,5 points en onze fois sur un an et demi.

"Il semble au moins pour l'instant que la Fed ait gagné son combat contre l'inflation et le marché se réjouit de cette victoire", assure l'analyste.

Les secteurs jusqu'ici handicapés par les taux d'intérêt élevés ont eu un sursaut d'énergie comme l'atteste la vive hausse (+2,62%) de l'indice Russell 2000 qui comprend les petites capitalisations de Wall Street ou l'envolée des banques régionales comme Zion Corporation (+9,21%), Western Alliance (+9,29%) ou Comerica Incorporated (+8,54%).

Mais d'autres analystes étaient plus circonspects dans leur interprétation du marché, s'interrogeant sur l'opportunité de se réjouir de futures baisses de taux quand cela est synonyme de remède à un ralentissement de l'activité économique.

"Je crains que le marché se soit laissé emporter. J'ai un peu peur qu'il devance le Père Noël (...) en cette saison favorable où l'on parle souvent du +marché haussier du Père Noël+", a ironisé Steve Sosnick d'Interactive Brokers.

"Du côté des obligations, le marché continue de nous dire que la Fed réduit les taux parce qu'elle sent une faiblesse dans l'économie, alors que du côté des actions, le marché boursier pense qu'elle réduit les taux pour éviter cette faiblesse. Lequel est-ce ?", s'inquiète-t-il.

L'analyste rappelle que la Fed prévoit une croissance de seulement 1,4% l'année prochaine "mais elle ne dit pas comment on y arrive: pourrait-il y avoir une récession avec deux mauvais trimestres ?".

Le marché obligataire a vu les rendements sur les bons du Trésor à dix ans tomber à 3,91%, vers 21H30 GMT, au plus bas depuis plus de cinq mois alors qu'ils avaient grimpé à 5% en octobre.

Le dollar a dévissé de 1% par rapport à l'euro. La BCE et la BoE ont toutes deux prolongé leur pause dans les hausses de taux mais ne semblent pas prêtes à les baisser.

A la cote, les titres du fabricant de vaccins Moderna se sont envolés de 9,25% à 85,87 dollars. Le laboratoire espère que son vaccin thérapeutique contre le cancer de la peau soit approuvé dès 2025, après de nouveaux résultats positifs annoncés jeudi.

Le groupe de logiciels Adobe s'est affaissé de 6,35% à 584,64 dollars. Adobe a affiché de bons résultats pour le quatrième trimestre, le groupe table ensuite sur des ventes plus faibles que ce qu'escomptaient les analystes.

Des compagnies de taille moyenne en lien avec l'énergie solaire ont brillé comme Invesco Solar (+8,14%) ou Sunrun (+19,92%).

Les compagnies aériennes se sont envolées comme United Airlines (+4,83%) et American (+3,55%). Le vendeur de voitures en ligne Carvana a mis le turbo (+12,31%) pour atteindre au plus haut depuis trois mois.

afp/rp