LONDRES, 16 juin (Reuters) - La hausse des prix s'atténue mais les principales banques centrales restent, voire redeviennent, offensives.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a marqué une pause très attendue mercredi dans son cycle tout en prévenant que celui-ci n'était pas achevé et la Banque centrale européenne (BCE) a, elle, gardé le cap dans ses hausses de taux ce jeudi.

La banque centrale du Canada, qui avait été la première à interrompre la remontée de ses taux, a finalement décidé de serrer la vis la semaine dernière.

A ce jour, neuf banques centrales d'économies développées ont relevé leurs taux de 3.615 points de base au total depuis le début du cycle, celle du Japon faisant exception.

Voici un aperçu de leurs positions, de la moins accommodante ("hawkish") à la plus accommodante ("dovish").

1) NOUVELLE-ZÉLANDE

La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande a relevé le mois dernier son taux directeur à 5,5%, un plus haut depuis 14 ans. Elle a surpris les marchés en signalant en avoir terminé avec son resserrement.

Elle est à ce jour l'institution monétaire qui a le plus augmenté ses taux parmi les principales économies dans le cycle actuel.

2) ÉTATS-UNIS

La Fed a interrompu mercredi sa série de dix hausses de taux d'affilée en maintenant l'objectif de taux des fonds fédéraux dans la fourchette 5%-5,25%.

Elle s'est néanmoins abstenue d'annoncer un quelconque arrêt du resserrement monétaire et laisse même entrevoir la possibilité de deux autres hausses (modestes) d'ici la fin de l'année.

Cette pause (ou 'pause hawkish' comme l'appellent les experts) donne aux membres de l'institution le temps de collecter plus d'informations avant de passer à la suite, a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell.

3) CANADA

Le 7 juin, la Banque du Canada a créé la surprise en décidant de relever son taux directeur d'un quart de point à 4,75%, alors qu'elle avait opté pour un statu quo depuis janvier.

Cette décision s'explique entre autres par la réaccélération de l'indice CPI, une consommation étonnamment résistante, la reprise de la demande de services et un marché du travail tendu.

4) ROYAUME-UNI

Une hausse de taux est attendue de la Banque d'Angleterre dont les membres se réunissent jeudi prochain. L'inflation britannique, à 8,7% sur un an en avril, est la deuxième plus élevée des pays du G7. Et l'économie continue d'échapper à la récession.

Tous les économistes - au nombre de 64 - interrogés par Reuters estiment que la BoE devrait porter ses taux à 4,75%, soit sa treizième hausse consécutive.

5) AUSTRALIE

La banque centrale australienne a relevé son taux d'un quart de point le 6 juin, pour le fixer à 4,1%, un pic de 11 ans.

Elle a indiqué que l'inflation restait trop forte et a averti qu'un nouveau resserrement pourrait être justifié pour s'assurer d'un retour à l'objectif. Les marchés estiment qu'il y a une chance sur trois pour qu'une nouvelle hausse ait lieu en juillet.

6) ZONE EURO

La BCE a relevé ce jeudi son taux de dépôt de 25 points de base pour le porter à 3,5%, son niveau le plus élevé depuis 2001.

Anticipant une inflation au-dessus de son objectif de 2% jusqu'en 2025 inclus, la banque centrale a laissé la porte ouverte à d'autres hausses, "très probablement en juillet", a souligné sa présidente Christine Lagarde, qui écarte la possibilité d'une pause.

7) SUÈDE

Les responsables de la Riksbank semblent prêts à augmenter à nouveau les taux de 25 points de base à 3,75% lors de leur réunion du 28 juin.

La hausse des prix a ralenti plus qu'attendu par la banque centrale à 6,7% en mai, un niveau qui reste cependant bien au-dessus de son objectif de 2%.

La Riksbank se trouve confrontée à un difficile exercice d'équilibriste, certains secteurs de l'économie affichant une bonne activité tandis que le marché immobilier souffre de la hausse des taux.

8) NORVÈGE

Les analystes s'attendent à ce que la Norges Bank accélère la remontée de son principal taux le 22 juin, en privilégiant une hausse d'un demi-point, en réaction au record établi par l'inflation en mai à 6,7%.

9) SUISSE

La Banque nationale suisse devrait relever son taux directeur lors de sa réunion du 22 juin. Les marchés estiment la probabilité d'une hausse de 50 points de base à 54% et celle d'une hausse de 25 points à 46%.

La hausse de l'inflation suisse a ralenti à 2,2% sur un an en mai, mais la BNS assimile la stabilité des prix à une hausse annuelle inférieure à 2% des prix à la consommation.

10) JAPON

La

Banque du Japon

a sans surprise maintenu ce vendredi sa politique monétaire ultra-accommodante inchangée sous la direction de son nouveau gouverneur, Kazuo Ueda.

Alors que l'inflation de base reste au-dessus de l'objectif de la BoJ depuis plus d'un an, l'institution a dit qu'elle anticipait une modération de cet indice.

"Nous nous attendons à ce que l'inflation ralentisse, mais il est vrai que le rythme de la baisse est quelque peu lent. Mais nous n'en sommes qu'aux premiers stades de la modération. Il y a une incertitude quant à savoir si le futur ralentissement sera graduel ou assez prononcé", a déclaré Kazuo Ueda.

(Samuel Indyk, Nell Mackenzie, Alun John, Naomi Rovnick, Harry Robertson et Chiara Elisei; graphes Vincent Flasseur, Sumanta Sen, Pasit Kongkunakornkul et Riddhima Talwani; compilé par Naomi Rovnick, version française Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)