GENÈVE, 6 novembre (Reuters) - Les appels internationaux à un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas sont restés lettre morte, alors que très peu d'aide humanitaire entre dans la bande de Gaza assiégée, et que les pénuries de nourriture, de carburant, d'eau potable et de médicaments s'aggravent.

Voici un aperçu de la situation humanitaire à Gaza, étroite enclave de 2,3 millions d'habitants gouvernée par le Hamas, que les Nations unies (Onu) jugent "catastrophique".

DÉPLACEMENT

Environ 1,5 million de personnes, soit plus de la moitié de la population de la bande de Gaza, ont fui leur domicile. Plus de 700.000 d'entre elles ont trouvé refuge dans des bâtiments gérés par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Des dizaines de milliers d'autres se trouvent dans des hôpitaux et des églises.

Les abris de l'UNRWA dans le sud sont surpeuplés et incapables d'accueillir de nouveaux arrivants, et de nombreuses personnes déplacées dorment dans les rues, à proximité des abris, a déclaré l'OCHA. L'UNRWA n'est plus en mesure de fournir de l'aide aux personnes déplacées dans le nord, qui se trouve au centre des opérations terrestres d'Israël depuis le 27 octobre.

Israël avait donné aux civils du nord de la bande de Gaza - là où se trouve la majeure partie des forces du Hamas - jusqu'au 5 novembre pour fuir vers le sud, pour leur propre sécurité.

Cependant, moins de 2.000 personnes sont parties, selon des informations de l'Onu, en raison des craintes liées aux bombardements, des dégâts importants sur les routes et de la limitation des moyens de communication.

HÔPITAUX

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d'un tiers des 35 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent pas et ceux qui sont encore en service font état d'une grave pénurie de carburant qui a considérablement réduit leur approvisionnement en électricité.

Les générateurs de deux hôpitaux (al-Shifa et l'hôpital indonésien) ont cessé de fonctionner en raison du manque de carburant. Seuls des générateurs secondaires peuvent être utilisés quelques heures par jour et uniquement pour les services critiques, selon l'OCHA.

L'envoyé d'Israël auprès des Nations unies a rejeté ces informations en postant une vidéo sur X (ex-Twitter) montrant des personnes assistant à une projection de film à côté de l'hôpital al-Shifa par le Hamas, où les fenêtres du bâtiment apparaissent illuminées.

"Le Hamas dispose de beaucoup de carburant pour tout ce qu'il choisit de prioriser. Si seulement les couveuses des unités de soins intensifs néonatals étaient aussi importantes pour le Hamas que les projections de propagande terroriste", a-t-il commenté.

L'OMS a recensé au moins 93 attaques dans la bande de Gaza depuis le début du conflit, qui ont tué 16 travailleurs de santé en service et endommagé ou détruit 28 ambulances.

LIVRAISON DE L'AIDE

L'aide est acheminée par le poste frontière de Rafah avec l'Égypte, le seul qui soit ouvert, mais seulement une fraction comparé à l'aide fournie avant le conflit. Depuis que les livraisons limitées ont repris le 21 octobre, au moins 450 camions sont entrés dans Gaza, transportant de la nourriture, de l'eau et des fournitures médicales.

Des centaines de ressortissants étrangers et de blessés ont été autorisés à quitter Gaza pour l'Égypte la semaine dernière, mais l'OCHA a déclaré qu'aucune sortie de ce type n'a été signalée depuis qu'une ambulance en route pour Rafah a été frappée le 3 novembre. L'armée israélienne a déclaré, sans preuve, qu'elle transportait des militants du Hamas.

NOURRITURE ET EAU

Les habitants de Gaza sont confrontés à de graves pénuries d'eau. L'une des deux usines de dessalement d'eau de mer est fermée par manque de carburant, l'autre fonctionnant au minimum, selon l'OCHA. Deux des trois conduites d'eau en provenance d'Israël fonctionnent.

Le seul moulin en état de marche à Gaza ne peut moudre du blé en raison du manque d'électricité et de carburant, a indiqué l'OCHA, et onze boulangeries ont été touchées par le conflit.

Les stocks de denrées alimentaires essentielles à Gaza, notamment le riz et l'huile végétale, devraient s'épuiser d'ici un à trois jours, selon le Programme alimentaire mondial.

CARBURANT

Les organisations humanitaires affirment que du carburant est nécessaire de toute urgence pour distribuer l'aide et alimenter les hôpitaux, les boulangeries et les usines de désalinisation. Mais l'entrée du carburant reste interdite par Israël, qui estime qu'il pourrait être détourné par le Hamas à des fins militaires. Selon le responsable de l'aide humanitaire de l'Onu, des avancées ont été réalisées dans les négociations sur l'entrée de carburant à Gaza, bien qu'aucune livraison n'ait été confirmée. (Rédigé par Emma Farge, version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)