Berne (awp) - La Suisse a enregistré une croissance économique en hausse l'année dernière, mais moindre qu'en 2022 qui avait été marquée par le solide rebond post-coronavirus. Si la consommation des ménages a tenu le coup, l'industrie manufacturière et la construction ont marqué le pas.

En 2023, le produit intérieur brut (PIB) de la Confédération a augmenté de 1,3%, après +2,5% l'année précédente, a annoncé jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Hors événements sportifs, la hausse a atteint 0,8%, après +2,7% l'année précédente.

"Le ralentissement de la croissance est lié à la normalisation qui a suivi la crise du coronavirus", ont expliqué les économiste du Seco, ajoutant que "le contexte international difficile" a aussi pesé.

Cette performance se situe dans le haut de la fourchette des prévisions de la plupart des économistes, qui tablaient pour les plus pessimistes sur une progression de 0,7%.

La consommation privée, l'un des principaux moteurs de la conjoncture helvétique, a augmenté de 2,1%, ralentissant cependant comparé aux +4,2% enregistrés l'exercice précédent. Les exportations de biens, l'autre pilier de l'économie suisse, se sont par contre légèrement améliorées, progressant de 4,8% pendant la période sous revue après +4,0% en 2022.

Dans le détail des branches, l'industrie manufacturière a enregistré un déclin de 2,3%, après une poussée de 6,9% en 2022, alors que la construction a limité son reculé à -2,2% contre -5,4% l'année précédente. Le secteur du commerce a quant à lui remonté la pente avec une hausse de 7,3%, comparé à un repli de 4,0% l'exercice précédent.

Au seul quatrième trimestre, le PIB a progressé de 1,2% sur un an, après +1,0% au partiel précédent. C'est nettement mieux que les prévisions des économistes interrogés par l'agence AWP. Ces derniers tablaient sur une hausse de 0,6% à 0,8% sur un an.

Prudence pour 2024

Malgré le coup de frein observé en Suisse, la Confédération fait nettement mieux que la zone euro, premier client des exportateurs helvétiques. Dans les 20 pays qui la composent, le PIB n'a crû que de 0,5% l'année dernière.

"En raison d'une part importante liée aux exportations, l'économie suisse ne peut pas se dételer de la faible évolution dans la zone euro", a rappelé Thomas Gitzel, l'économiste en chef de VP Bank.

Les perspectives sont prudentes pour 2024, alors que la guerre en Ukraine se poursuit après deux ans d'affrontements avec la Russie. La guerre entre le Hamas et Israël dans la Bande de Gaza menace par ailleurs de s'étendre au Proche-Orient, avec des attaques de navires en mer Rouge par des rebelles houthis et des affrontements au Liban entre le Hezbollah et Tsahal.

Les divers indicateurs économiques reflètent cette prudence. Le baromètre conjoncturel de l'institut de recherche KOF s'est en effet légèrement replié en février. L'industrie manufacturière helvétique continue également d'être à la peine en début d'année, affichant une production en net repli, alors qu'une légère embellie est intervenue au niveau des carnets de commande, selon l'indice des directeurs d'achat (PMI) de janvier.

Dans ses dernières prévisions, la Banque nationale suisse (BNS) disait tabler cette année sur une croissance de 0,5% à 1%, alors que les économistes interrogés par le KOF s'attendent à une hausse de 1,4%. Les experts de la grande banque UBS tablent, eux, sur un PIB en progression de 1,2%.

"Tant que les exportations ne repartent pas au niveau mondial, la croissance suisse ne sera pas en mesure de faire de grand saut. L'évolution économique va donc rester faible en 2024", a estimé M. Gitzel. Mais avec une économie mondiale qui fait de la résistance, les chances sont bonnes que les exportations se redressent d'ici la fin de l'année, a-t-il espéré.

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