Le Japon souhaite devenir le cinquième pays à faire atterrir un engin spatial sur la surface lunaire grâce au lancement, jeudi, d'un "sniper lunaire" peu coûteux qui testera la technologie d'atterrissage de précision conçue pour favoriser les objectifs spatiaux de Tokyo.

Ce lancement intervient quelques semaines après que l'Inde est devenue le premier pays à se poser sur le pôle sud de la lune, suscitant un élan de fierté nationale et mettant en lumière une nouvelle course à l'espace qui fait intervenir le secteur privé.

La mission de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA) devrait décoller jeudi du centre spatial de Tanegashima, dans le sud du Japon, selon Mitsubishi Heavy Industries, qui supervise les lancements pour la JAXA et construit la fusée H-IIA transportant l'atterrisseur.

L'engin Smart Lander for Investigating Moon (SLIM), surnommé "sniper lunaire" par la JAXA, devrait se poser sur la face cachée de la lune, à proximité de Mare Nectaris, un bassin lunaire qui constitue l'une des taches sombres visibles sur la lune.

Cette mission vise à démontrer la capacité du Japon à poser un engin léger et peu coûteux sur la lune, à moins de 100 mètres d'un site d'atterrissage désigné, à l'aide d'un système de navigation visuelle avancé.

L'atterrissage risque d'être une "vingtaine de minutes de terreur haletante et abrutissante", a déclaré Kenji Kushiki, responsable du sous-projet de la mission SLIM, dans un billet de blog publié sur le site web de la JAXA, ajoutant que l'atterrissage s'apparentait à un "jeu d'un seul coup qui ne peut être annulé".

Les efforts déployés par le Japon pour créer une industrie spatiale nationale sont également mis en évidence : L'atterrisseur a été assemblé par Mitsubishi Electric, qui a utilisé ses radars d'atterrissage, ses ordinateurs et son transpondeur. Sharp Corp a fourni les cellules solaires et Meisei Electric les caméras de navigation.

UN ATTERRISSAGE PRÉCIS

La mission, d'un coût de 100 millions de dollars, devrait atteindre la lune en février, après avoir suivi une trajectoire en boucle, économe en carburant, entre l'orbite terrestre et l'orbite lunaire.

Le mois dernier, Delhi a posé son rover Chandrayaan-3 près du pôle sud de la lune dans le cadre d'une mission de 75 millions de dollars. L'Inde est ainsi devenue le quatrième pays à poser un engin spatial sur la lune, après les États-Unis, la Russie et la Chine.

"La technologie d'atterrissage précis donne la capacité et la confiance nécessaires aux futures missions d'exploration humaine de l'espace. Ces technologies pourraient être étendues aux missions de véhicules de lancement réutilisables, ce qui rendrait les futures missions plus rentables", a déclaré Sreeram Ananthasayanam, associé chez Deloitte Inde.

Deux tentatives antérieures d'alunissage par le Japon ont échoué. La JAXA a perdu le contact avec un atterrisseur transporté par une fusée de la NASA et a annulé une tentative d'atterrissage en novembre. Un atterrisseur fabriqué par la start-up japonaise ispace s'est écrasé en avril alors qu'il tentait de descendre sur la surface lunaire.

Plus récemment, la première mission lunaire russe depuis près d'un demi-siècle, Luna-25, s'est écrasée alors qu'elle tentait d'atterrir sur le pôle sud de la Lune en août, quelques jours avant la mission indienne.

Le Japon coopère avec les États-Unis sur une station spatiale en orbite autour de la Lune qui servira de point d'appui pour les missions vers la Lune et Mars. En retour, Washington a promis au Japon des sièges dans les futures missions Artemis avec équipage vers la Lune. (1 $ = 146,9000 yens) (Reportage de Tim Kelly et Nivedita Bhattacharjee ; Rédaction de David Dolan, Kevin Krolicki et Gerry Doyle)