En clair, l'institution pourrait fixer la date d'arrêt de ses achats d'obligations, signant le début de la fin pour le programme de rachat d'actifs. Pour dissiper tout doute, le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a confirmé hier que le conseil des gouverneurs discutera de l'opportunité de mettre fin au "QE" (assouplissement quantitatif). En bon président de la Bundesbank, Jens Weidmann s'est empressé d'indiquer que la fin des achats d'ici la fin de l'année est une hypothèse plausible. Quant au patron de la BCE, il a tout intérêt à prendre le pouls du marché avant de lancer l'institution sur la voie de la normalisation. Mario Draghi a déjà, par le passé, utilisé cette tactique pour initier de grands changements, quitte à paraître ensuite plus rassurant que ce qui était redouté, ce qui contribue à la réputation de souplesse de la BCE.

Cette actualité monétaire a pour conséquences principales un rebond de l'euro face au dollar et une hausse des rendements obligataires. Le marché est conforté dans l'hypothèse d'une première hausse de taux de la BCE à la fin du printemps ou au début de l'été 2019. Une probabilité de 70% a été assignée à juin 2019, ou à défaut de 90% à juillet 2019. Le branle-bas de combat autour de la politique de la banque centrale a empêché certains indices de la zone euro de progresser hier, avec un triste -0,06% pour le CAC40. Wall Street a poursuivi sa marche en avant, avec un Dow Jones qui a allègrement repassé les 25 000 points (+1,4%), un Nasdaq rayonnant (+0,67% à 7 689 points) et un S&P500 dynamique (+0,86% à 2 772 points).

Depuis hier, beaucoup de rumeurs courent au sujet d'un G7 qui s'annonce particulièrement tendu au Canada en cette fin de semaine. La réunion risque de tourner au scénario "Trump contre le reste du monde", puisque le Président américain a adopté des mesures douanières à la totalité des pays des dirigeants qu'il va rencontrer.

Les indicateurs de préouverture sont haussiers en Europe, après la belle séance américaine.

Les temps forts économiques du jour

Le taux de chômage suisse (7h45, consensus 2,6%) et les commandes d'usines allemandes (8h00, consensus +0,7%) précèdent ce matin la balance commerciale française (8h45), les ventes de détail italiennes (10h00) et la dernière estimation du PIB du premier trimestre de la zone euro (11h00, consensus +0,4%). Aux Etats-Unis, le jeudi, c'est demandes d'inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30, consensus 223 000), avant à 19h00 les dernières statistiques mensuelles du crédit à la consommation (consensus 13,9 milliards de dollars).

L'euro a donc poursuivi son rebond contre le dollar, à 1,1789. L'or perd quelques cents à 1 296 USD l'once, comme le baril, à 64,90 USD le WTI et 75,68 USD le Brent. 

Les principaux changements de recommandations

• Berenberg démarre le suivi de Tikehau à l'achat en visant 36 EUR.

L’actualité des sociétés

Le marché de l'aviation civile reste mou en début d'année, avec 111 commandes nettes en cinq mois pour Airbus, pour 223 livraisons. Le premier EPR à entrer en production est celui de Taishan, en Chine, avec la contribution d'EDF. Arnauld Van Eeckhout nommé secrétaire général de Bouygues à la suite du départ en retraite de Jean-François Guillemin. Elis boucle le rachat de Wäscherei Waiz en Allemagne, une petite société réalisant environ 10 millions d'euros de revenus annuels. Parrot joue gros avec Anafi, son nouveau drone de loisir. Afone a vendu sa division sécurité. AgroGeneration veut placer 20 millions d'euros d'ORNANE. Dolphin Integration perd un gros client. Rémy Cointreau, AbeoGenerix, Moulinvest et Media 6 ont publié leurs trimestriels. Les actionnaires de Vergnet approuvent la recapitalisation.

Daimler n'a pas l'intention de laisser un boulevard à Tesla dans les poids-lourds électriques : l'Allemand a dévoilé un camion totalement électrique, qui pourrait circuler dès 2021. Volvo veut doubler ses ventes de véhicules lors de la prochaine décennie. Fortive veut racheter les produits de stérilisation de Johnson & Johnson pour 2,7 milliards de dollars. L'autorité de tutelle du secteur automobile en Allemagne a ordonné le rappel de 33 000 exemplaires d'Audi A6 et A7 équipés de moteurs diesel 3,0 litre Euro 6 après avoir découvert la présence d'un logiciel illégal sur les émissions polluantes. La moitié des 2 milliards d'euros d'économies de coûts visées par la Deutsche Bank d'ici 2019 proviendra de la banque d'investissement.