Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers étaient prudents mardi, avant la publication de l'inflation aux États-Unis en mars, qui s'annonce à un nouveau record et laisse présager un nouveau tour de vis de la Réserve fédérale.

La Bourse de New York a terminé en nette baisse lundi, plombée par la hausse des taux obligataires. Les contrats à terme des trois principaux indices étaient quasi stables vers 11H50 GMT, avant la publication, prévue à 12H30 GMT, des chiffres de l'inflation américaine.

L'Europe évoluait dans le rouge, après une ouverture en net repli: Paris perdait 0,64%, Francfort 0,89%, Milan 0,26% et Londres 0,57%, vers 13H50. Le SMI perdait 0,79% (à 14h30).

La porte-parole de la Maison Blanche a prévenu que la hausse des prix devrait être "extraordinairement élevée", en raison de la flambée supplémentaire des prix liée à la guerre en Ukraine.

L'indice CPI de l'inflation est attendu à 8,4% par certains économistes, une nouvelle accélération par rapport aux 7,9% du mois de février, qui était déjà la mesure la plus élevée depuis 40 ans.

"Un chiffre supérieur aux attentes devrait renforcer les partisans du resserrement monétaire de la Réserve fédérale", explicite Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Pour juguler l'accélération de l'inflation, la banque centrale américaine (Fed) a commencé mi-mars à relever ses taux directeurs et a averti qu'elle allait continuer à resserrer sa politique monétaire dans les mois à venir.

Reste à savoir quelle sera l'ampleur des hausses de taux prévues cette année, et chaque nouvel indicateur modifie les prévisions des investisseurs, qui se retranscrivent sur le marché obligataire.

Le rendement de la dette américaine à 10 ans était au plus haut depuis 2018 et montait encore ce mardi, s'établissant à 2,773%, stable par rapport à la clôture de la veille, après s'être tendu de huit points de base lundi.

En Europe aussi, les taux d'intérêt souverains ont été sous pression, avant de se stabiliser en milieu de séance européenne, en amont de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne de jeudi.

Le moral des investisseurs allemands s'est lui stabilisé en avril, en légère baisse après la chute record de mars en raison de la guerre en Ukraine, selon le baromètre ZEW.

Les banques allemandes à l'amende

Les banques Deutsche Bank (-8,65% à 10,89 euros) et Commerzbank (-7,99% à 6,45 euros, au MDax) chutaient ce matin après l'annonce, par Bloomberg citant des documents d'offre, d'une vente d'actions de quelque 2 milliards de dollars au total dans ces deux entreprises par un investisseur anonyme.

Lancement réussi pour Dewa

Le fournisseur d'électricité et d'eau de Dubaï, Dewa, a vu son titre bondir de 15,73% après son introduction à la Bourse de Dubaï, la plus importante dans le Golfe depuis 2019. L'entreprise a levé 6,1 milliards de dollars et est désormais valorisée 33,9 milliards de dollars.

Du côté des devises et du bitcoin

Vers 11H45 GMT, l'euro valait 1,0855 dollar, perdant 0,26% face à une monnaie américaine soutenue par les anticipations d'inflation.

Le yen était lui plombé par la perspective d'une politique monétaire très souple au Japon et s'approchait de son plus bas niveau en 20 ans face au dollar américain.

La monnaie japonaise perdait 0,12% à 125,55 yens pour un dollar, après avoir baissé jusqu'à 125,77 yens, un niveau plus vu depuis 2015.

Le bitcoin est repassé sous la barre des 40.000 dollars pour la première fois depuis le 16 mars, plombé par le même "pot-pourri de facteurs" qui bride les marchés boursiers, selon Timo Emden, analyste indépendant spécialiste des cryptomonnaies. Vers 11H45 GMT, il remontait à 40.330 dollars (+1,22%). Sur deux jours, il perdait près de 6,5%.

Rebond du pétrole

Les prix du pétrole rebondissaient, galvanisés par l'allègement des restrictions sanitaires à Shanghai, ce qui rassure le marché sur le maintien de la demande d'autant que l'Opep a prévenu qu'elle ne serait pas en mesure de compenser l'offre de brut russe.

Le baril de Brent pour livraison juin avançait de 4,16% à 102,58 dollars vers 11H45 GMT. Celui du WTI américain à échéance mai prenait 3,82% à 97,82 dollars.

afp/fr