Zurich (awp) - La Bourse suisse a nettement progressé mardi. L'optimisme était de retour sur les marchés à la veille des décisions du Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine et après l'action coordonnée des principales banques centrales de la planète pour atténuer les inquiétudes autour d'un secteur bancaire secoué ces derniers temps, tandis que s'estompaient aussi les remous générés par le mariage forcé et précipité d'UBS et Credit Suisse.

Le SMI est parvenu à repasser au-dessus de la barre symbolique des 10'800 points, sans pouvoir s'y maintenir en clôture.

A New York, Wall Street gagnait du terrain en matinée, tentant de poursuivre sur la lancée de la veille et soutenue par le rebond des valeurs bancaires.

Les investisseurs semblaient encouragés par les propos de la secrétaire au Trésor Janet Yellen devant l'Association des banquiers américains (ABA) avant l'ouverture du marché.

"La situation se stabilise. Et le système bancaire américain reste solide", a dit la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden. Mme Yellen a indiqué que "des actions similaires" aux prêts accordés rapidement aux banques après la déconfiture de Silicon Valley Bank et Signature Bank "pourraient être justifiées si les petites institutions subissent des ruées sur les retraits qui présentent un risque de contagion".

"Les autorités américaines étudient les moyens d'étendre temporairement la couverture par la FDIC (le régulateur bancaire américain) des dépôts au-delà du plafond actuel de 250.000 dollars", a affirmé Art Hogan de B. Riley Wealth Management. Un porte-parole de la Maison-Blanche, Michael Kikukawa, a pour sa part assuré que "tous les outils seront utilisés pour soutenir les banques communautaires".

Ces turbulences bancaires vont par ailleurs rendre difficile la décision monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Celle-ci doit rendre mercredi une décision sur ses taux. Nul doute que les remous bancaires, en partie causés par le relèvement drastique des taux d'intérêt par la Fed depuis un an, vont peser dans les discussions du comité monétaire de l'institution. Néanmoins, les marchés attendent toujours une hausse d'un quart de point de pourcentage des taux d'intérêt au jour le jour, ce qui devrait les mener entre 4,75% et 5%.

Le SMI a terminé en hausse de 1,40% à 10'792,58 points, avec un plus haut à 10'814,48 et un plus bas à 10'731,90. Le SLI a gagné 1,72% à 1710,09 points et le SPI 1,17% à 14'116,71 points. Sur les 30 valeurs vedettes, Givaudan (-2,9%), Nestlé (-1,0%) et SGS (-0,5%) sont les seuls perdants du jour.

Les deux autres poids lourds Roche (+0,6%) et Novartis (+0,2%) ont fini dans le vert, tout en sous-performant l'indice.

De l'autre côté du tableau, UBS (+12,1%) précède Credit Suisse (+7,3% à 0,8834 franc) et Partners Group (+6,9%) sur le podium.

Analystes et agences de notation estiment que la banque aux trois clés devrait profiter du rachat de son voisin zurichois, même si la digestion s'annonce lourde.

Credit Suisse a navigué entre rouge et vert et continue de valoir un peu plus que les 76 centimes offerts par UBS pour la fusion. Julius Bär (+3,2%) a nettement surperformé l'indice.

Peu avant la clôture, le Département fédéral des finances (DFF) a signifié par voie de décision à Credit Suisse que l'établissement devait suspendre le versement de certaines rémunérations variables à ses collaborateurs. Cette décision concerne les rémunérations déjà approuvées pour les exercices antérieurs à 2022, mais dont le versement est différé et exécuté, par exemple, sous forme de droits à des actions.

Après un exercice 2021 record porté par de nombreux désinvestissements, Partners Group a vu ses bénéfices s'éroder en 2022. Le bénéfice net a lui dépassé de justesse 1 milliard de francs suisses. Forte de sa confiance en l'avenir, l'entreprise proposera à ses actionnaires un dividende relevé de 12% à 37 francs suisses par action, et ce sans avoir à piocher dans ses réserves.

Swatch (+4,1%) et Richemont (+2,9%) ont surperformé après la nouvelle progression des exportations horlogères en février. Celles-ci ont bondi de 12,2% à 2,2 milliards de francs suisses, portées tant par les produits bas de gamme que par le très haut de gamme.

Sur le marché élargi, la société immobilière Peach Property (stable) confirme avoir essuyé une perte sur devises l'an dernier, malgré une performance opérationnelle honorable. L'entreprise zurichoise prévoit de lever de nouveaux fonds via l'émission d'un emprunt convertible.

Autre société immobilière, Warteck Invest (stable) a souffert de l'évaporation des effets de revalorisations en 2022. Le bénéfice net a été élagué d'un bon cinquième à 21,8 millions. Les actionnaires se verront offrir une rémunération inchangée de 70 francs suisses par titre.

rp/lk