Le premier pneu prototype à base de pissenlit russe et de guayule, une plante à latex du désert mexicain, a été produit en Europe. Le programme européen EU-PEARLS (pour la production et l’exploitation de sources alternatives de caoutchouc et de latex naturel en Europe) soutient le projet, mis en œuvre par l’industriel du pneumatique néerlandais Appolo Vredestein.

Le pneu produit parait prometteur, indique l’entreprise, mais sera soumis à des tests de résistance pendant quelques mois pour vérifier ses capacités à tenir la route. Une commercialisation est envisagée à moyenne échéance.

Le Cirad de Montpellier travaille depuis 25 ans sur un substitut au caoutchouc naturel issu de l’hévéa, qui serait produit en Europe. Le guayule, cultivable en climat méditerranéen chaud, pousse à titre expérimental sur une parcelle à Montpellier. Et le pissenlit russe, poussant en zone tempérée, s’adapte bien en Espagne. Des essais ont été réalisés dans la région de Bilbao.  Les deux plantes à latex pourraient servir à la production de pneus, gants, semelles ou préservatifs. « Mais, prévient Serge Palu, chercheur au Cirad, il n’est pas question de remplacer l’hévéa. C’est plus une perspective de production européenne à l’horizon 2020 ».

Le caoutchouc naturel provoque des allergies, mais le guayule est moins irritante que le latex d’hévéa, parce qu’il contient moins de protéines, signale Serge Palu. Il sert à produire des gants chirurgicaux au Mexique. Sa gomme très résistante a été utilisée jusque dans les années 1950 aux Etats-Unis pour la fabrication de pneus d’avions.

L'extraction du latex de guayule se fait par broyage et par lavage intensif, et ne requiert pas de solvant chimique additionnel pour le stabiliser comme la gomme de l'hévéa.

Actuellement, la Malaisie, l’Indonésie et le Vietnam dominent le marché mondial du caoutchouc naturel, même si la SIPH produit également en Afrique. Mais de nombreuses plantations d'hévéas sont menacées par la propagation d'un champignon parasite, surtout en Amérique latine.

Le caoutchouc naturel ne suffit pas à couvrir la totalité de la demande des industriels, d’où l’intérêt de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Le guayule a en revanche un rendement plus faible que l’hévéa à l’hectare, environ une tonne, soit trois fois moins.