Vendredi  4
octobre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont subi un brutal retour de l'aversion au risque cette semaine, les opérateurs ayant brusquement vendu les actifs risqués, après des statistiques américaines en berne, qui ont notamment confirmé la contraction de l'activité manufacturière pour le second mois d'affilée. Les données concernant l'emploi n'ont pas apporté plus de lumière et devraient, par conséquent, raffermir l'indécision déjà observée chez les intervenants de marchés.
Indices

Sur la semaine écoulée, tous les grands indices ont largement corrigé.
En Asie, le Shanghai Composite n'a perdu que 0.9% sur la seule séance de lundi, les marchés chinois étant fermés jusqu'au 8 octobre prochain. Le Hang Seng a pour sa part cédé 1.25% et le Nikkei 1.59%.

En Europe, les pertes sont très significatives. Le CAC40 recule de 2.80%, le Dax de 2.4% et le Footsie de 4% à l'approche du Brexit. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal, l'Espagne et l'Italie perdent respectivement 0.4%, 2.6% et 2.5%

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones enregistre une perte hebdomadaire de 2.2%, alors que les indices plus orientés sur les nouvelles technologies montrent une forte résilience à l'image du Nasdaq 100 (-0.2%).
Matières premières

Les prix pétroliers accusent un fléchissement sur la semaine, lestés par une conjoncture économique mondiale de plus en plus fébrile. Les craintes sur la demande l'emportent donc sur la réduction de l'offre de l'OPEP, dont la production est tombée à son plus bas niveau depuis 2011. Les opérateurs scrutent aussi de près le cas vénézuélien, qui souhaite doubler sa production de pétrole d'ici 2020. Dans ce cadre, les références pétrolières reviennent chevaucher des supports journaliers majeurs, à 57 USD pour le Brent et 53 USD pour le WTI.

L'intensification des inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale profite à l'once d'or, qui repasse au-dessus de la barre des 1500 USD. L'argent n'emprunte pas la même trajectoire et fait du surplace à 17.5 USD.
En attendant une reprise des négociations commerciales sino-américaines, le segment des hard commodities se replie. Le cuivre, l'aluminium et le zinc cèdent du terrain tandis que le plomb et le l'étain se stabilisent. Le nickel fait exception en s'adjugeant 2,1% à 17785 USD la tonne métrique.
Marchés actions

Parmi les valeurs du Bel 20, Barco (2.1 milliards d'euros de capitalisation) se détache en termes de performances, pour se positionner à la première place. Ce parcours exemplaire provient essentiellement d'un premier semestre hors norme. L'action est, en effet, passée de 99 EUR en début d'année à 185 EUR à fin juin. Depuis, un schéma de consolidation s'est mis en place mais la hausse se maintient à 78%.

Barco, fondé en 1934 par Lucien de Puydt trouve son nom d'un acronyme : Belgian American Radio COrporation. A l'époque, la compagnie assemblait des récepteurs radio à partir de pièces américaines pour produire quelques années plus tard les premiers téléviseurs dans son pays.
Aujourd'hui, la société belge offre des solutions de visualisation haut de gamme pour le cinéma, les spectacles, ainsi que pour le monde des affaires et pour le médical.
L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires sur le premier semestre de 496 millions d'euros avec un Ebitda de 67.6 millions et un résultat net de 43.1 millions.

La bourse a donc salué tout au long de ces trois dernières années (+220%) sa capacité bénéficiaire grâce à l'amélioration de ses coûts couplée à sa stratégie de pénétrer de plus en plus de marchés.


Parcours ascensionnel du titre Barco

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Marché obligataire

Les rendements des emprunts à dix ans se replient à nouveau en établissant des plus bas sur la semaine suite aux tensions sur le ralentissement de la croissance. Le Tbond se traite à 1.52%, entraînant dans sa foulée une baisse du billet vert.
En Europe, les parcours baissiers des références se généralisent sur tous les pays. Si le bund allemand (-0,45%) et l'OAT française (-0.30%) se rapprochent de leurs seuils historiques, les dettes espagnole (0.11%), italienne (0.97%) et surtout grecque (1.3%) se négocient sur des niveaux bas jamais atteints.
Malgré une pause de la tendance haussière du franc suisse, l'emprunt souverain helvétique s'échange proche de sa zone historique, avec un taux à -0.84%.


Les rendements des emprunts souverains au plus bas de la semaine (points bleus)

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Marché des changes

La volatilité demeure étroite dans le compartiment des devises, les arbitrages étant moins tranchés chez les cambistes que chez les investisseurs actions.
Parmi les sous-jacents à la baisse, le franc suisse, une fois n'est pas coutume, perd du terrain contre ses majeures suite aux mauvaises statistiques nationales. La monnaie helvétique perd plus de 100 points de base contre l'euro à 1.095 CHF ainsi que face au dollar, avec une cotation à parité.
Le billet vert subit également la même pression vendeuse, après les chiffres d'activité américains et les anticipations d'une nouvelle baisse des taux de la FED. La parité EUR/USD reprend logiquement un peu de hauteur à 1.099 USD.
En Europe, la livre britannique se stabilise malgré le compte à rebours du Brexit, à 1.23 GBp contre le billet vert et à 0.89 GBp face à la monnaie unique.
De son coté, le yen, monnaie refuge dans les périodes de stress des marchés, progresse contre l'euro à 117.5 JPY et face au dollar à 106.8 JPY.
Statistiques économiques

Les indicateurs économiques poursuivent leur contraction en Europe. Le PMI manufacturier de la zone euro est ressorti à 45.7 (légèrement au-dessus du consensus à 45.6) tandis qu'il se dégrade plus que prévu en France, en Italie et en Espagne.

Aux Etats-Unis, la chute des indices ISM a fait l'effet d'un électrochoc sur les marchés. A la forte dégradation de l'ISM manufacturier, tombé à 47.8 (versus un consensus de 50.4), s'est ajoutée la baisse de l'ISM des services, présentant des signes de faiblesse à 52.6 (versus un consensus de 55.1). Les créations d'emplois non agricoles enregistrent la même dynamique négative, en tombant à 136K (versus un consensus de 145K) tandis que le taux de chômage se maintient à un niveau de plein emploi (3.5%).


La récession industrielle apparaît sur les deux derniers mois

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Bad news is good news

Un éclairage sur le récent geste de la FED, qui avait suscité des interrogations, vient de s'opérer cette semaine avec l'altération des indices d'activité, publiés par l'Institute for Supply Management (ISM). La récession va donc se trouver au coeur des analyses des observateurs, avec la contagion possible de la dégradation du secteur industriel sur les services, principal soutien de l'économie moderne, contagion qui pourrait mettre un terme au fabuleux cycle de croissance économique en cours.
La vitalité de la consommation constituera donc le dernier rempart pour éviter l'arrêt de la croissance. Pour ceci, il faudra une stabilité de l'emploi malgré le recul des affaires.
La banque centrale américaine restera attentive à toute détérioration des agrégats économiques pour intensifier son ton accommodant et dynamiser l'économie réelle. Encore faut-il que les marchés puissent une nouvelle fois lui donner cette confiance ?