par Marc Angrand

Les Bourses européennes ont terminé en net repli vendredi, la crainte d'une nouvelle escalade de la tension entre les Etats-Unis et la Chine ayant incité les investisseurs à prendre des bénéfices après quatre séances de hausse.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 1,59% (75,95 points) à 4695,44 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 2,53% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,65%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,35%, le FTSEurofirst 300 1,68% et le Stoxx 600 1,6%.

Le président américain, Donald Trump, doit donner dans la journée une conférence de presse portant sur la Chine, après l'adoption par le parlement chinois de la nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong. Sans attendre ses annonces, Pékin a menacé Washington de mesures de rétorsion.

Ce regain de tension entre les deux premières économies mondiales fait craindre un nouveau coup de froid sur le commerce international au moment même où la planète est en pleine récession à cause de la pandémie de coronavirus.

"La réaction des Etats-Unis peut prendre de multiples formes et c'est ce qui rend les gens nerveux, d'autant que cela risque de conduire à un nouvel échange de représailles entre les deux pays", explique Craig Erlam, analyse senior d'Oanda Europe.

Sur l'ensemble de la semaine, le Stoxx 600 affiche néanmoins une progression de 3% et le CAC 40 un gain de 5,65%, sa meilleure performance hebdomadaire depuis un mois et demi.

Le mois de mai se solde ainsi par une hausse de 3,04% pour le Stoxx 600 et de 2,7% pour le CAC 40.

VALEURS

Les secteurs les plus affectés par le repli en Europe sont ceux qui avaient le plus profité du rebond des quatre dernières séances: celui des transports et du tourisme a abandonné 5,21%, celui de l'automobile 3,44%, celui des banques 3,59%.

Renault a chuté de 7,74%, la plus forte baisse du CAC 40, après l'annonce de son plan de restructuration, qui prévoit la suppression de 15.000 postes dans le monde et une réduction de ses capacités.

Dans le secteur aéronautique, Airbus et le motoriste britannique Rolls-Royce ont abandonné respectivement 5,69% et 14,86% après avoir vu leur note de crédit dégradée par S&P.

A Amsterdam, le géant du café JDE Peets, l'une des rares grandes entreprises européennes à avoir fait le pari d'une entrée en Bourse depuis le début de la crise du coronavirus, a fini sa première séance 13,78% au-dessus de son prix d'introduction, ce qui le valorise plus de 15,5 milliards d'euros.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,87%, le Standard & Poor's 500 0,57% et le Nasdaq Composite 0,05%.

LES INDICATEURS DU JOUR

En France, la contraction du produit intérieur brut (PIB) a été revue à 5,3% sur janvier-mars contre 5,8% en première estimation. En Italie, la chute du PIB au premier trimestre, à 5,3% après révision, est au contraire plus marqué qu'estimé initialement.

L'inflation dans l'ensemble de la zone euro, elle, continue de ralentir à 0,1% seulement sur un an en mai selon la première estimation d'Eurostat.

Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation des ménages accusent une chute record de 13,6% en avril selon les chiffres du département du Commerce et leur moral montre une amélioration moins marquée qu'estimée initialement au vu des résultats définitifs de l'enquête mensuelle de l'université du Michigan.

CHANGES

Le dollar poursuit son repli face à l'euro, permettant à la monnaie unique européenne, toujours soutenue par l'annonce du plan de relance de 750 milliards d'euros de la Commission, d'évoluer autour de 1,1125 dollar, après être repassé au-dessus de sa moyenne mobile sur 200 jours pour la première fois depuis fin mars.

La baisse du billet vert est toutefois limitée par son statut de valeur refuge dans l'attente des déclarations de Donald Trump sur la Chine.

TAUX

Le retour de l'aversion au risque se traduit par une baisse des rendements des emprunts d'Etat, amplifiée dans la zone euro par la perspective de plus en plus nette aux yeux des investisseurs d'une augmentation des achats d'obligations de la Banque centrale européenne (BCE).

Selon une note de la banque italienne UniCredit, la BCE pourrait annoncer jeudi prochain qu'elle augmente de 500 à 700 milliards d'euros la taille de son programme d'achats d'urgence pandémique (PEPP) tout en le prolongeant en 2021.

Le rendement du Bund allemand à dix affiche ainsi sur la journée un recul de 2,5 points de base à -0,445%.

Sur le marché américain, le rendement des Treasuries à dix ans cède quarte points à 0,6591%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier baisse au lendemain de l'annonce d'une augmentation marquée des stocks de brut aux Etats-Unis mais ce repli ne l'empêche pas d'afficher des performances mensuelles historiques.

Le Brent abandonne 1,13% à 34,89 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,83% à 33,43 dollars.

Le WTI affiche néanmoins sur l'ensemble du mois de mai un rebond sans précédent de 78% et le Brent une hausse de 38%, la plus marquée depuis mars 1999.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)