Ces décisions interviennent une semaine seulement après l'entrée au capital de Warren Buffett et la publication d'une lourde perte due à l'exposition aux actifs "toxiques".

Le remplacement d'Aigrain prend effet immédiatement mais le directeur général sortant veillera au bon déroulement de la transition jusqu'au 19 février, date à laquelle le groupe doit faire le point sur sa stratégie et publier ses résultats annuels détaillés.

La semaine dernière, Swiss Re a déjà révélé que l'exercice devrait se solder par une perte nette d'environ un milliard de francs (670 millions d'euros), après des dépréciations d'environ six milliards.

Agé de 53 ans, Lippe, de nationalité allemande, est un spécialiste de la réassurance qui travaille pour le groupe suisse depuis un quart de siècle. Il devrait soutenir les efforts de concentration sur le coeur de métier, déclare le président du groupe Peter Forstmoser dans un communiqué.

Swiss Re, numéro deux mondial de la réassurance derrière l'allemand Munich Re, gagne 5% en matinée sur le marché boursier suisse, alors que l'indice DJ Stoxx européen du secteur perd plus de 2%.

Le groupe, qui a perdu plus des deux tiers de sa valeur boursière depuis le début de l'année, doit recevoir une injection de capitaux frais de trois milliards de francs apportée par Warren Buffett.

PRIORITÉ AU RECENTRAGE

Les analystes estiment que la nomination de Lippe devrait rassurer les actionnaires et soutenir le titre.

"Il s'agit d'un mouvement audacieux, positif et très attendu", estime Fabrizio Croce chez Kepler Capital Markets, qui salue Lippe comme "le remplaçant interne idéal".

"Les critiques disent que la stratégie de M. Aigrain a fait perdre de vue le coeur de métier qu'est la réassurance", notent les analystes de la banque Wegelin, soulignant toutefois que le directeur général sortant n'est pas seul responsable du "dépôt de déchets toxiques" dans les comptes de Swiss Re.

Croce, de Kepler, parle d'un "redressement long et pénible" mais aussi du début d'une "nouvelle ère pour Swiss Re".

Georg Marti à la Banque cantonale de Zurich (BCZ) rappelle effectivement que l'exposition du groupe aux actifs à risques reste considérable et pourrait causer d'autres pertes.

Il estime toutefois qu'il ne devrait pas avoir de mal à lever de nouveaux capitaux auprès de ses actionnaires actuels.

En annonçant jeudi dernier l'arrivée de Buffett et la fermeture de son activité Marchés financiers, le groupe n'a en effet pas exclu de lever jusqu'à deux milliards de francs supplémentaires.

Silke Koltrowitz et Jason Rhodes, édité par Marc Angrand