La Grande-Bretagne a adopté lundi un ensemble de dispositions en vertu desquelles les banques devront bien séparer leurs activités de banque de détail et de banque d'investissement afin de mieux protéger leur clientèle dans l'éventualité de nouvelles crises.

"La séparation des activités et la spécialisation des acteurs ne constituent pas en elles-mêmes une meilleure protection", explique Frédéric Oudéa, qui est aussi le PDG de la Société générale.

"La meilleure protection réside avant tout dans la qualité de la gestion des risques et la supervision efficace des régulateurs", poursuit-il.

Le PDG de la SocGen souligne à cet égard que les nouvelles normes bancaires du comité de Bâle, dites Bâle III, ont vocation à renforcer les exigences de capital dans les activités de marché des banques afin de protéger les dépôts des clients.

"Le risque des opérations de marché doit bien sûr être couvert par un montant de capital adéquat, c'est tout l'objectif de la réforme de Bâle III", fait remarquer Frédéric Oudéa.

La Commission européenne a mis en place le mois dernier un groupe de travail sur la structure des banques. Ce groupe réfléchira notamment à la question de la séparation des activités bancaires et son rapport est prévu pour l'an prochain.

Les autorités françaises sont ouvertement opposées à ce projet de réforme mais les socialistes ont remis le sujet à l'ordre du jour à l'occasion de la campagne présidentielle.

"A titre personnel, je me suis interrogé et j'ai conclu résolument que la séparation n'était pas une bonne idée et que c'était une fausse bonne idée", expliquait ainsi fin octobre Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France sur la radio BFM.

"L'idée qu'on sépare et qu'on règle les problèmes est une idée qui est démentie par l'histoire récente", poursuivait-il en allusion à la faillite en 2008 de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers.

Frédéric Oudéa, qui défend le modèle de banque universelle qui est celui des banques françaises, déclare de son côté que "les banques qui ont fait faillite étaient le plus souvent peu diversifiées."

Matthieu Protard, édité par Benjamin Mallet